La FED a réitéré sa promesse de maintenir les taux proches de zéro, et de le faire jusqu’à ce que l’inflation augmente durablement.

Alors que la banque centrale concluait une réunion de 2 jours ce mercredi, elle a déclaré que l’objectif des taux courts restait à 0-0,25 %. Les membres du comité ont également modifié leurs prévisions économiques pour anticiper une baisse du PIB inférieure pour 2020, ainsi qu’un taux de chômage moins aigu.

Pas de relèvement des taux avant 2022-2023

Selon les projections individuelles des membres du comité, les taux pourraient rester en l’état jusqu’en 2023. À l’exception de 4 membres, l’ensemble du comité estime que les taux ne changeront pas avant 3 ans.

Le FOMC a également fourni davantage de détails concernant son changement de politique, qui vise à tolérer une inflation supérieure à 2 %.

« Ces changements clarifient notre engagement fort à voir à plus long terme », a déclaré Jerome Powell, président de la FED, à l’occasion de la conférence de presse qui a conclu cette réunion.

« Tandis que l’inflation s’élève de façon persistante à un chiffre inférieur à notre objectif, le comité a pour but d’obtenir une inflation modérément supérieure à 2 % pendant une certaine période afin d’obtenir une moyenne de 2 % à travers le temps ainsi que pour maintenir les attentes d’inflation à long terme bien ancrées à 2 %. Le comité s’attend à maintenir une posture accommodante jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints », peut-on lire dans le communiqué officiel.

« Il sera approprié de maintenir cet écart de taux jusqu’à ce que le plein-emploi, tel que défini par le comité, soit atteint et que l’inflation arrive à 2 % après avoir dépassé pendant un certain temps ces 2 % », a-t-il ajouté.

Rien de bien neuf sous le soleil

« Le comité a été un peu plus explicite que je l’avais anticipé, mais le résultat est le même », a déclaré Kathy Jones, responsable du revenu fixe chez Charles Schwab. « Des taux zéro au moins jusqu’en 2022, probablement jusqu’en 2023. » Voilà à quoi il faut s’attendre. (source)

Inflation à plus de 2 % : oui, mais comment ?

Cela dit, on est en droit de se demander ce que cela change vraiment du côté de l’inflation. On sait depuis 10 ans que la FED s’est montrée incapable de générer de l’inflation. Le fait de signaler qu’elle est prête à la laisser dépasser les 2 % n’explique pas comment elle compte obtenir ce résultat. À moins qu’elle envisage de voir cette inflation se matérialiser en raison de facteurs en dehors de son contrôle (perturbations du coronavirus, stimulations fiscales). Ce « changement de politique », qui n’en est pas vraiment un, a alors au moins un mérite : celui de dire aux marchés qu’ils ne doivent pas s’inquiéter de l’inflation, elle ne débouchera pas sur un serrage de vis monétaire.

L’or n’a pas vraiment réagi à la nouvelle. Cela semble normal, vu que cela ne change rien au scénario des bulls de l’or. À savoir que les taux réels devraient rester bas vus que la FED s’engage à maintenir ses taux planchers pendant 2 à 3 ans, même en cas de rebond de l’inflation.

Comme le dit Peter Boockvar (source), la politique monétaire actuelle de Powell n’est pas différente de celle de Bernanke ou de Yellen, et même de la Banque du Japon, de la Banque centrale européenne ou de la Banque d’Angleterre. La FED pense pouvoir obtenir des résultats économiques différents, mais la seule conséquence de ses actes se trouvera du côté du prix des actifs, qui va encore progresser. Cela dit, il y a quelque chose de nouveau dans la situation actuelle, c’est-à-dire que nous avons une combinaison agressive de politiques monétaires et fiscales. Ensemble, elles pourraient générer cette inflation que la FED souhaite tant, mais que craignent particulièrement les marchés obligataires et les consommateurs.