Après une année 2016 décevante en termes d’importation, l’Inde, qui dispute à la Chine la première marche du podium des nations les plus friandes d’or, est indubitablement de retour alors que rien que durant le premier semestre 2017, ses importations furent supérieures à celles de l’intégralité de l’année 2016. Si la nouvelle taxe sur les biens et les services (GST) qui vient d’être introduite en Inde (de 3 % pour le métal jaune) est un facteur négatif, bien d’autres bonnes nouvelles vont soutenir la demande durant le reste de l’année, comme nous l’apprend cet article du journal indien Business Standard publié le 9 juillet 2017 :

« Les importations d’or de l’Inde durant la première moitié de 2017 ont surpassé l’intégralité des importations de 2016. D’après les chiffres compilés par GFMS Thomson Reuters, l’Inde a importé 510 tonnes d’or en 2016 alors que les importations de janvier à juin 2017 se sont élevées à 521 tonnes.

En 2016, ces achats de métaux précieux ont représenté une valeur de 23 milliards de dollars alors que durant le premier semestre de cette année, le secteur a importé pour 22,2 milliards d’or.

D’après les estimations des professionnels du secteur, les importations d’or en Inde devraient dépasser la barre des 900 tonnes cette année alors que durant ces cinq dernières années la moyenne fut de 709 tonnes. La facture 2017 devrait dépasser les 40 milliards de dollars. Si ces estimations devaient se matérialiser, il s’agirait des achats les plus importants en termes de valeur depuis 2012.

Les experts estiment que des cours de l’or plus bas, une liquidité réduite après la démonétisation, une taxe sur les biens et les services (GST) moins importante qu’anticipé de 3 %, l’annulation de certaines dettes des agriculteurs et une bonne mousson mènent à une demande accrue de la part des zones rurales. On pourrait également assister à un basculement de la demande de diamants vers l’or. L’augmentation des salaires des fonctionnaires va également doper la demande de métal jaune dans les mois à venir.

L’argent profite également de cette embellie en Inde

Hormis l’or, même les importations d’argent ont accéléré durant les six premiers mois de 2017 : elles se sont élevées à 3 050 tonnes, contre 3 546 tonnes pour l’ensemble de l’année 2016. En Inde, les importations d’argent sont plus sensibles au prix. Alors que le cours du métal gris a fortement chuté durant le dernier trimestre par rapport à l’or, les importations ne pourront qu’augmenter, d’après les experts.

Après l’annonce de l’annulation des coupures de 500 et de 1 000 roupies par le gouvernement en novembre 2016, la demande d’or a bondi. Par la suite, elle a continué à être vigoureuse alors que le métal restait bon marché. La crainte d’une taxe sur les biens et les services élevée a contribué à cette demande.

Cette taxe sur l’or et les bijoux pourrait cependant jouer les trouble-fêtes dans un futur proche, lorsqu’elle entrera complètement en vigueur chez les joailliers et les artisans. Certains ont rempli leurs stocks avant l’implémentation de la taxe afin de l’éviter. (…)

Jusqu’à la fin juin, les magasins ont connu une activité soutenue. D’après Sudheesh Nambiath, analyste en chef « demande pour les métaux précieux » de GFMS Thomson Reuters, « Les grands fabricants de bijoux ont écoulé des volumes supérieurs à la moyenne mensuelle entre avril et juin. La demande d’or d’investissement fut également en hausse en raison des craintes concernant la taxe GST. Nous estimons qu’au moins 1/3 de la demande émanant de la période des mariages, qui a habituellement lieu durant le quatrième trimestre, s’est manifestée plus tôt ». Ce qui signifie que l’augmentation de la demande de ces derniers mois provient de la demande future qui s’est matérialisée plus tôt.

Le dernier trimestre de l’année est habituellement vigoureux, alors que la période des fêtes coïncide avec la demande en provenance du monde agricole une fois la mousson terminée, qui fut bonne cette année. C’est traditionnellement le cas, mais il faudra déduire une partie de la demande future qui s’est matérialisée en anticipation de la taxe sur les biens et les services.

Surendra Mehta, secrétaire de l’Indian Bullion and Jewellers Association, a déclaré : « La demande d’or continuera à être bonne même après l’introduction de la taxe de 3 % (GST). Pour les six mois à venir, les importations d’or pourraient être de l’ordre de 400 à 500 tonnes alors que la demande pour les pierres précieuses telles que les diamants devrait basculer vers l’or. » Les diamants font également l’objet d’une taxe de 3 %.

Les diamants ont leur propre problématique, notamment concernant leur authenticité et la crainte qu’ils soient synthétiques. Mehta a également déclaré que la baisse du cours de l’or couplée à la vigueur de la roupie compense largement les effets de la nouvelle taxe de 3 %, ce qui rend les achats d’or très attractifs.

Il y a cependant des raisons d’être prudent concernant la demande d’or à court terme. Le gouvernement a récemment décidé que pour les achats de plus de 50 000 roupies (environ 675 €), l’acheteur devra fournir son numéro de citoyen (Aadhaar, qui est notamment utilisé comme numéro de contribuable). Ces mesures ont pour objectif de limiter la croissance du marché noir.

Selon le World Gold Council, les marchands d’or indiens auront besoin d’un peu de temps pour s’adapter aux conséquences de la taxe GST.

Allister Ewing, directeur de la veille des marchés du World Gold Council, a écrit dans un article qu’outre la bonne mousson qui dopera la demande en provenance des zones rurales, « la remonétisation, l’augmentation des salaires des fonctionnaires fédéraux et des retraités va soutenir la demande ».