En Russie, le taux d’inflation officiel était de 6,5 % en juin. Aux États-Unis, le taux d’inflation officiel mesuré par l’IPC était de 5,4 % en juin. L’IPC-W, qui prend en compte les paiements de la sécurité sociale, était de 6,1 %. Vous voyez, il n’y a pratiquement aucune différence entre l‘inflation en Russie et aux États-Unis.

Pourtant, la Banque de Russie perçoit des « facteurs persistants » de l’inflation. Elle a donc pris des mesures. La FED a, par contre, décidé de nier officiellement les facteurs persistants, de les qualifier de « temporaires » et de laisser l’inflation se développer.

La Russie lutte déjà contre l’inflation

La hausse des taux russes du 23 juillet aurait été un choc et une crainte si la gouverneure de la Banque de Russie, Elvira Nabiullina, n’avait pas averti le 28 juin d’une éventuelle nouvelle augmentation susceptible d’atteindre 1 %. Aujourd’hui, la Banque de Russie a prouvé qu’elle ne plaisantait pas. Elle a en effet relevé son taux directeur de 1 %, qui est passé ainsi de 5,5 à 6,5 %.

Dans l’annonce de la semaine dernière, la raison de cette méga-augmentation se trouvait tout en haut : « La contribution des facteurs persistants à l’inflation a progressé en raison d’une croissance plus rapide de la demande par rapport à la capacité d’expansion de la production. » (…)

La Banque de Russie a mis sur la table de nouvelles hausses de taux au cours des prochaines réunions pour freiner l’inflation. Dans le contexte actuel, « les entreprises préfèrent répercuter les coûts plus élevés sur les prix », a déclaré la Banque de Russie.

Le contexte est le même aux États-Unis, avec des entreprises qui trouvent qu’il est facile de monter les prix et qui le font, si bien que les hausses de prix se multiplient maintenant dans l’économie. Mais la FED est dans le déni officiel.

La Banque de Russie a aussi cité les anticipations d’inflation des ménages qui « continuent de croître » et des entreprises qui « restent proches de leurs sommets pluriannuels ». La situation est pourtant identique aux USA.

Banque de Russie – FED : deux discours opposés

« L’influence dominante des facteurs proinflationnistes pourrait conduire à un dépassement plus important et prolongé de l’inflation par rapport à l’objectif », a déclaré la Banque de Russie. C’est ce que la FED aurait dû dire depuis des mois.

Malgré un taux directeur a désormais 6,5 %, les conditions monétaires « restent accommodantes », selon la Banque de Russie, compte tenu de l’inflation élevée qui continue de progresser et des anticipations d’inflation. La hausse de 1 point de pourcentage aujourd’hui à 6,5% a ramené le taux directeur au même niveau que l’inflation. Autrement dit, les taux réels sont passés de -1 % à 0 %. « Dans ce contexte, le niveau des emprunts continue de croître à des taux proches des sommets de ces dernières années », a-t-elle ajouté.

Le pouvoir d’achat des Russes est pris en compte, il obtient même une mention : « La décision d’aujourd’hui de la Banque de Russie va accélérer l’ajustement des taux d’intérêt bancaires à la politique monétaire poursuivie. Cela permettra d’augmenter l’attractivité des dépôts bancaires pour les ménages, de protéger le pouvoir d’achat de l’épargne et d’assurer une expansion équilibrée du crédit. » (…)

La Banque de Russie écorne indirectement la FED et la BCE

Concluons sur un petit bijou qui écorne les banques centrales des « économies avancées ». Compte tenu du rythme de la reprise économique mondiale, « il n’est plus nécessaire de mettre en place des politiques accommodantes sans précédent dans les économies avancées ». On est d’accord, mais apparemment, elles n’ont pas reçu le mémo.

« Une normalisation plus rapide de la politique monétaire dans ces pays est possible, a expliqué la Banque de Russie. Cela pourrait devenir un autre facteur d’augmentation de la volatilité dans le monde et sur marchés financiers. » Cela constitue un avertissement à peine voilé : lorsque la FED reconnaîtra enfin la réalité, les marchés financiers pourraient réagir de manière désagréable.

Source