La session d’hier fut à nouveau de type « rien à signaler » pour l’or, qui a clôturé en hausse de 3 maigres dollars. L’action sur le marché de l’argent est plus intéressante. Ce jeudi, le métal gris s’est montré plus volatil en poursuivant son opération « redressement » : il a progressé d’environ 0,6 %.

Selon le gestionnaire britannique Ned Naylor-Leyland, Bâle III a pour objectif de faire de l’or la nouvelle valeur refuge principale, en lieu et place du dollar. Il s’agirait d’une volonté de la BRI et du G20. Pour preuve, c’est à l’annonce de ces nouvelles règles que les vagues de rapatriement d’or des banques centrales ont démarré il y a quelques années. Il a fait ces déclarations à l’occasion du podcast Ask the Expert de Sprott Money.

La BCE affiche une posture plus conciliante

Les contrats à terme sur l’or se maintiennent dans un écart relativement étroit, et ce, dans un contexte de chiffres qui montrent une augmentation inattendue des inscriptions au chômage aux États-Unis. Les investisseurs ont également dû composer avec la dernière annonce de politique monétaire de la BCE.

L’or a continué d’afficher « une faible volatilité » après la réunion de la BCE et la publication des chiffres américains, a déclaré à MarketWatch Carlo Alberto De Casa, analyste de marché pour Kinesis.

D’un point de vue technique, les prix de l’or s’approchent du bas de la fourchette de négociation de 1.790 $ à 1.820 $ de ces derniers jours. Mais ils sont actuellement « bloqués dans un écart encore plus restreint », entre 1.795 $ et 1.805 $, a-t-il précisé.

De Casa a expliqué que la phase actuelle était toujours considérée comme une « consolidation, avec des chances décentes d’un nouveau rebond dans les prochains jours si le dollar américain faiblit ».

La faible volatilité de l’or « pourrait être considérée comme un signe de support » étant donné que « chaque fois que le prix baisse, les acheteurs semblent prêts à soutenir le prix », rappelle-t-il.

Tôt ce jeudi, les rendements du Trésor américain ont continué de rebondir après un creux de 5 mois. Le dollar s’est raffermi après que la Banque centrale européenne a annoncé une posture plus accommodante en ajustant ses prévisions de taux suite à l’adoption d’un nouvel objectif d’inflation.

L’or a rebondi suite à la publication des chiffres du chômage, mais pas en territoire positif en raison de la conviction que la Réserve fédérale « ne pourra pas ajuster sa politique monétaire avant la fin de l’année », a déclaré à MarketWatch Jeff Wright, directeur des investissements chez Wolfpack Capital.

« Le marché ne croit pas aux allusions concernant la réduction imminente des achats d’actifs de sitôt », a annoncé Wright.

Bien que l’or ait attiré l’attention ces derniers temps, il est toujours bloqué dans l’écart 1.750 $ – 1.850 $ « car les flux entrants sur les marchés actions n’ont pas diminué, même après quelques jours de corrections la semaine dernière et lundi, » a-t-il ajouté. Cela empêche l’or de percer, car les investisseurs pensent que « les actions sont plus attrayantes que les valeurs refuges ».

L’inflation devrait s’installer plus durablement que prévu

Si les prix de certaines matières premières comme le bois ont corrigé après avoir atteint des sommets, l’inflation devrait s’installer plus durablement que prévu en raison des hausses à venir des loyers et des prix alimentaires. L’augmentation des prix de l’immobilier a tendance à se répercuter avec plusieurs mois de latence sur le marché locatif. Du côté de l’alimentation ou des services, les entreprises tentent dans un premier temps de laisser passer l’orage avant de finir par augmenter les prix lorsque leurs coûts ne retournent pas à la normale.

Les articles suggérant une inflation plus durable et plus élevée se multiplient :

  • La hausse des loyers menace d’alimenter l’inflation (New York Times) ;
  • Unilever fournit un avant-goût de la piqûre que représentera la dégradation de l’inflation (Wall Street Journal) – son action a chuté de 5 % malgré la publication de bons chiffres, tout simplement parce que la société s’attend à stagner l’année prochaine au niveau des profits en raison de l’inflation ;
  • Les prix des produits alimentaires devraient augmenter de 10 % à 14 % d’ici octobre, selon John Catsimatidis, patron de Gristedes Foods (interview) ;
  • Whirlpool prévient que l’inflation va lui coûter 1 milliard (Wall Street Journal) : le fabricant d’électroménager a indiqué avoir déjà augmenté ses prix cette année de 12 % en moyenne.