La confiance des entreprises en Europe a atteint son point le plus bas au cours du second semestre 2022, un tiers des plus grandes entreprises industrielles de la région prévoyant d’arrêter ou de réduire leurs activités en raison des prix record de l’énergie et du ralentissement de la demande.

Les chefs d’entreprise américains sont tout aussi pessimistes quant aux perspectives de l’Europe : ils s’attendent à une profonde récession dans l’UE au cours des 12 à 18 prochains mois, alors que la récession dans leur pays sera de courte durée et peu profonde, selon une enquête menée par la Table ronde européenne de l’industrie, groupe de pression des grandes entreprises, et le Conference Board, groupe de réflexion américain.

Ces résultats viennent s’ajouter aux preuves croissantes que la guerre en Ukraine fait payer un lourd tribut à l’industrie européenne. Au début du mois, les indices des directeurs d’achat de S&P Global ont révélé la plus forte baisse de l’activité du secteur privé depuis novembre 2020. Les secteurs industriels, de la chimie aux engrais en passant par la céramique, ont été contraints de suspendre leur production en raison de la flambée des coûts énergétiques, tandis que d’autres intensifient leurs importations.

Martin Brudermüller, président du comité de compétitivité de l’ERT et président du groupe chimique allemand BASF, a déclaré qu’il n’était pas surpris par les réponses. « J’ai déjà pu constater par moi-même l’impact de la crise énergétique sur les industries européennes à forte intensité énergétique et l’effet d’entraînement tout au long de la chaîne de valeur. Nous courons toujours le risque réel d’une vague de désindustrialisation, car les coûts énergétiques toujours élevés sapent la compétitivité mondiale des sites de production européens. »

L’enquête semestrielle auprès des chefs d’entreprise européens a révélé que la mesure de la confiance en Europe avait plongé de 37 au premier semestre 2022 à 24 en octobre, soit le niveau le plus bas depuis le début de la pandémie. La confiance des chefs d’entreprise américains est tombée à des niveaux jamais vus depuis les récessions de 2007-2009, passant de 42 à 32. Un score supérieur à 50 reflète des réponses plus positives que négatives.

« Les perspectives de la zone euro sont assombries par la flambée des prix de l’énergie, qui freine l’industrie manufacturière, et par la poussée de l’inflation, qui pèse sur les revenus réels et la consommation », a déclaré Riccardo Marcelli Fabiani, économiste à Oxford Economics, dans une note d’information récente.

L’industrie met également en garde contre le risque qu’une initiative phare de 369 milliards de dollars dans le domaine des technologies vertes aux États-Unis, connue sous le nom d’Inflation Reduction Act, ne détourne encore plus d’investissements de l’Europe.

Une cinquantaine de membres de l’ERT ont rencontré le président français Emmanuel Macron et le commissaire européen au marché unique Thierry Breton cette semaine pour demander une « réponse européenne convaincante à l’IRA ». Sans cette réponse, il pourrait y avoir « une nouvelle vague de désindustrialisation, les États-Unis attirant les dernières vagues d’investissements dans de nouvelles opérations et dans la R&D ».

Selon l’ERT, cela aurait des « conséquences potentiellement désastreuses » pour les petites et moyennes entreprises qui dominent les écosystèmes industriels de l’UE.

Comme leurs homologues de plus grande dimension, les petites entreprises subissent les conséquences des prix élevés de l’énergie, de l’inflation et de la volatilité des chaînes d’approvisionnement. Une récente enquête menée par Eurochambres, qui représente plus de 20 millions d’entreprises dans l’UE, auprès de 42 000 entreprises dans 25 pays, a révélé que la confiance pour l’année prochaine était « encore plus faible que pendant la crise financière de 2008-2009 et au plus fort de la pandémie ». Tous les indicateurs montrent que les entreprises s’attendent à ce que la situation « s’aggrave ».

Ce point de vue est corroboré par l’enquête ERT/Conference Board, dans laquelle neuf répondants sur dix s’attendent à une détérioration des perspectives économiques au cours des six prochains mois.

Néanmoins, l’étude a révélé que plus de 90 % des personnes interrogées avaient l’intention de maintenir ou d’augmenter leurs investissements dans les énergies vertes.

Les chefs d’entreprise chinois, quant à eux, ont fait figure d’exception dans l’enquête, la mesure globale de leur confiance dans les affaires s’étant améliorée au cours du second semestre de 2022, même si elle reste globalement négative.

Signe que la Chine réussit dans son ambition de remonter la chaîne de valeur, environ un tiers des chefs d’entreprise européens ont déclaré que la Chine était un important moteur de recherche et développement et d’innovation pour leurs entreprises.

Source

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici