Cherchez l’intrus : la prochaine crise économique pourrait être « plus aiguë que jamais », « si les banques centrales ne ferment pas l’open-bar les choses pourraient être encore plus graves » et « je ne crois pas que nous connaîtrons une autre crise financière de notre vivant ».

Les deux premiers avertissements ont été lancés par de grandes banques. Le premier, qui date du 25 juin, émane de la Banque des règlements internationaux (BRI). Le second de Bank of America (14 juillet). À travers le monde, les banques préviennent que nous nous dirigeons vers une crise financière, ou au minimum vers une zone semée d’embûches.

La dernière déclaration est de Janet Yellen, présidente de la FED, soit la personne qui a le plus de pouvoir pour éviter une crise financière aux États-Unis. Le 27 juin, elle a déclaré que les régulations financières signifient que les crises font presque désormais partie du passé :

« Dirais-je qu’il n’y aura plus jamais de crise financière ? Non, ce serait probablement aller trop loin. Mais je pense que nous sommes bien plus en sécurité, et j’espère qu’il n’y en aura plus de notre vivant ; je ne pense pas que nous en vivrons une. »

Quelle différence d’opinion, ce qui est d’autant plus inquiétant lorsque vous considérez les différents avertissements qui résonnent à travers le monde.

L’avertissement de la BRI

La banque basée en Suisse, souvent surnommée la banque centrale des banques centrales, a lancé un avertissement retentissant le mois dernier. « L’épilogue pourrait ressembler de près à un boom financier qui s’est mal terminé, tout comme la dernière récession l’a prouvé, mais en pire », a écrit l’économiste en chef de la BRI, Claudio Borio. Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph a résumé le rapport de cette façon :

« La BRI a dit que les éléments toxiques du système monétaire mondial n’ont pas été nettoyés depuis la crise financière de 2008.

Le cycle actuel, vieillissant et instable, pourrait se terminer de façon aussi explosive contrairement à la croyance répandue que ce fut un événement arrivant une fois tous les 100 ans et qui fut provoqué par les spéculateurs. »

À travers le monde, les taux planchers ont débouché sur une explosion de la dette. La FED, avertit-il, doit relever ses taux au prix de douleurs immédiates conséquentes. Si elle ne le fait pas, le futur sera d’autant plus dangereux.

Simultanément, « les indicateurs principaux de turbulences financières montrent que les boums financiers qui ont lieu dans toute une série d’économie sont similaires à ceux qui ont précédé la dernière crise financière mondiale », avertit Borio.

Bank of America

Dans une série de notes publiées ce mois, les analystes de Bank of America avertissent que les politiques de la FED ne sont pas durables. (…) Ils ont accueilli positivement les promesses de réduction de la taille du bilan des banques centrales, ce qui devrait augmenter la vélocité de la monnaie. « Si nous avons tort et que les banques centrales ne ferment pas l’open-bar, les choses seront encore pires. Des bulles pourraient se former et au final éclater, ce qui créera bien plus de volatilité que nécessaire », ont-ils écrit.

Selon eux, la dernière crise financière a été provoquée par des politiques monétaires accommodantes menées trop longtemps. « Nous ne pensons pas, du moins nous espérons, qu’elles répéteront 2 fois la même erreur. »

Deutsche Bank

Aleksandar Kocic, stratégiste de Deutsche Bank, a averti ce mois que la réponse de la FED à la dernière crise « engendre son lot de risques importants ». Mettre fin aux liquidités qui se sont déversées dans l’économie « sera particulièrement piégeux ». Ces politiques, comme les QE, « ont fait office d’assurance gratuite pour les porteurs du risque qui, au vu du profil des acteurs des marchés, fut une sorte de revenu universel pour les riches ».

Il a conclu en affirmant qu’ « il n’est pas compliqué de comprendre pourquoi l’inversion de ce processus pourrait bouleverser les marchés ».

Bank of England

L’équivalent de la FED en Grande-Bretagne, la BoE, ne prévoit pas une crise imminente. Mais elle s’inquiète de l’augmentation de la dette des particuliers au Royaume-Uni. Comme l’a écrit le Telegraph :

« Les ménages britanniques s’engagent dans le crédit à vie : presque un emprunteur sur 7 contracte un crédit hypothécaire de 35 ans ou plus, d’après les statistiques officielles.

L’augmentation rapide des prix de l’immobilier a encouragé les emprunteurs à allonger les durées d’emprunt afin de faire baisser les mensualités et de faciliter l’accès à la propriété. »

En 2005, un crédit hypothécaire sur 40 s’étalait sur 35 ans ou plus. Aujourd’hui, c’est un sur huit. (…)

La FED

Ces avertissements n’émanent pas de pessimistes ou de marchands de terreur qui répètent inlassablement que l’économie va plonger. Non pas qu’ils aient tort, car identifier le timing est extrêmement compliqué. Mais ces avertissements émanent de banques de l’establishment. (…) Seule la FED semble être sereine alors que les avertissements fleurissent ici et là.

Il n’est donc pas étonnant que Mme Yellen soit comparée à Neville Chamberlain lorsqu’il revint de Munich en proclamant que la paix était sauvée. Cet article ne comprend, de plus, que des avertissements récents. Des organisations comme le FMI en lancent depuis des années. (…) »