La Réserve fédérale va-t-elle désormais intervenir ? C’est une question clé qui taraude depuis quelques jours des investisseurs qui nagent dans l’océan de la dette du gouvernement américain. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a balayé les inquiétudes concernant la hausse des taux longs à l’occasion de 2 journées de témoignage à Capitol Hill.

Mais les choses ont évolué rapidement cette semaine sur le marché obligataire US. Cela suggère désormais que certains traders ont commencé à attaquer la banque centrale sur son propre terrain, à savoir celui des bons du Trésor à court terme, ce qui fait planer le spectre d’un duel avec la FED, qui pourrait faire des dégâts.

« Cette hausse entre en conflit direct avec ce que dit la FED et ce qu’elle souhaite », a déclaré Steve Feiss, directeur du revenu fixe chez Etico Partners.

Malgré cela, les analystes admettent que la FED pourrait être disposée à autoriser la hausse des taux à long terme, qui est un signe d’une amélioration des fondamentaux économiques, aux yeux de ces décideurs.

Ed Al-Hussainy, analyste principal des taux d’intérêt et des devises de Columbia Threadneedle Investment, a suggéré que le seul catalyseur susceptible de forcer la FED à modifier sa position monétaire accommodante serait l’effondrement des marchés du crédit.

Malgré les remous sur les marchés obligataires souverains, les parties les plus liquides des marchés de la dette d’entreprise ont certes aussi connu des pressions à la baisse, mais moins intenses que celles du Dow Jones ou du S&P 500.

Néanmoins, il convient de noter que les rendements des obligations à court terme ont eux aussi augmenté, soit un pan du marché obligataire que la banque centrale souhaite contrôler davantage via ses politiques.

Des rendements à court terme élevés pourraient signifier que les marchés s’attendent à ce que la banque centrale relève son taux directeur beaucoup plus tôt que prévu.

Powell a de nouveau déclaré cette semaine qu’il n’était pas prévu de limiter le QE de 120 milliards de dollars par mois ou d’augmenter le taux directeur, ce qui aide les entreprises et les marchés financiers à accéder à des liquidités pendant la pandémie.

Mais le rendement des bons du Trésor sur 5 ans a grimpé de 13,6 points de base à 0,762 % jeudi. Le taux des obligations sur 10 ans a bondi de 8,9 points de base à 1,478 %. Les prix des obligations évoluent dans la direction opposée des rendements.

Les investisseurs surveillent les mouvements du bon du Trésor sur 5 ans, car il doit en principe constituer une sorte de feuille de route pour le relèvement du taux directeur de la FED. Depuis le début de la pandémie, il a été baissé pour se placer dans une fourchette de 0 % à 0,25 %.

Mais M. Feiss d’Etico Partners a déclaré que même la récente flambée des taux à court terme pourrait ne pas être suffisante pour inciter la FED à agir, d’autant plus que les échanges sur le marché de l’eurodollar suggèrent que la plupart des anticipations de hausse des taux sont programmées vers 2023 et 2024, ce qui est conforme avec le propre calendrier de la FED concernant ces futures hausses des taux.

En effet, aux dernières nouvelles, la Banque centrale américaine prévoit de relever son taux directeur pour la première fois en 2024.

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