Le futur gouverneur de la BoJ devra faire face à une mission impossible. C’est l’opinion de Takeshi Fujimaki, un ancien banquier devenu politicien qui estime que toute tentative de la Banque centrale japonaise de sortir de son programme sans précédent d’assouplissement quantitatif risque de déclencher une crise de la dette similaire à celle de la Grèce.

« Il s’agit du calme avant la tempête », a déclaré Fujimaki à l’occasion d’une interview accordée ce lundi. Fujimaki est membre du parti d’opposition Japan Innovation. Il fut pendant une brève période conseiller de George Soros.

Le gouverneur de la BoJ Haruhiko Kuroda verra son mandat de 5 ans prendre fin en avril. Les paroles positives récentes à son égard du Premier ministre Abe ne font que renforcer les attentes de voir le banquier central de 73 ans être prolongé pour un second mandat. Son programme massif d’assouplissement quantitatif a affaibli le yen, dopé les exportations tout en contribuant à plus que doubler la valeur des actions japonaises. Mais l’inflation est toujours très loin de l’objectif de 2 % du gouvernement, tandis que les critiques de la BoJ affirment que le bilan boursouflé de la banque centrale n’est pas tenable.

Kuroda désigné favori à sa succession

Fujimaki, 67 ans, a déclaré qu’il est d’accord avec l’opinion exprimée par le prédécesseur de Kuroda, Shirawaka, à l’occasion de sa conférence de presse de démission. Il avait déclaré qu’il était impossible de juger définitivement les politiques monétaires non traditionnelles accommodantes du Japon et d’autres pays développés tant que ces programmes n’avaient pas été démantelés.

La semaine dernière, Kuroda a déclaré que la BoJ prendrait les mesures nécessaires en temps voulu, mais qu’actuellement entrer dans les détails de l’inversion du processus ne ferait que perturber les marchés.

Qu’il continue

Néanmoins, Fujimaki affirme que Kuroda devrait rester afin de superviser le démantèlement des politiques qu’il introduite.

« Vu que Monsieur Kuroda est allé si loin, c’est lui qui devrait aller jusqu’au bout », a déclaré Fujimaki. « Faire ce qui est facile pour ensuite s’en aller ne serait pas juste. »

Fujimaki a également lancé un avertissement contre l’idée de mettre en place l’ancien conseiller d’Abe, Etsuro Honda, à la tête de la BoJ. Honda, partisan de politiques encore plus accommodantes, permettrait au bilan de l’institution de gonfler encore plus alors qu’il correspond déjà presque au PIB annuel du pays, ce qui devrait occasionner encore plus de dégâts économiques. (…)

« Cette politique monétaire est une erreur », a-t-il déclaré. « Au lieu de cela, on aurait dû se pencher sur les dérégulations conséquentes », a-t-il conclu.

Source : Bloomberg