Autant en 2007 il fallait lire des sites alternatifs pour soupçonner la crise qui allait bientôt frapper, ou avoir beaucoup de chance avec les médias dominants en tombant sur l’un des rares analystes prêts à s’aventurer sur ce terrain, autant aujourd’hui il est impossible de dire que l’on n’aura pas été prévenu, tant les investisseurs et les entités ayant pignon sur rue multiplient les avertissements via les médias traditionnels. Aujourd’hui, c’est au tour de la banque d’Angleterre de soulever le risque posé par le marché obligataire corporate européen « à l’occasion de la prochaine crise » (via Reuters) :

« Le marché obligataire corporate européen pourrait être une plus grande source d’instabilité financière durant le prochain choc qu’à l’occasion de la crise financière de 2008, d’après une étude de la Bank of England.

Cette étude est la première qui tente de modéliser comment les sociétés prêteuses non-bancaires réagiraient dans un environnement financier sous tension, la BoE s’inquiétant particulièrement des effets sur les taux de financement des entreprises et de leur impact sur l’économie.

Le besoin de modéliser le risque s’est présenté en raison de la part grandissante des marchés dans le financement des entreprises depuis la crise de 2008, tandis que de nombreuses obligations souvent non-liquides sont détenues par des fonds de placement qui offrent quotidiennement des portes de sortie aux investisseurs.

Alors que les gestionnaires « obligations » des banques faiseuses de marchés doivent opérer dans des conditions financières plus strictes et sont donc plus sensibles au risque qu’avant la crise, la BoE s’inquiète de la capacité d’absorption de ces actifs en cas de ventes paniquées.

L’étude montre qu’un taux de vente hebdomadaire de ces fonds de placement de 1 %, soit le niveau qui fut en vigueur durant la crise de 2008, pourrait faire grimper les taux obligataires corporate des entreprises mal notées de près de 40 points de base.

Mais la capacité des opérateurs à absorber ces actifs mis en vente pourrait être mise à l’épreuve si ces ventes devaient être supérieures de 30 %, un scénario considéré par l’étude comme étant «peu probable, mais pas impossible». (…)

Les sociétés de gestion et les fonds de placement affirment depuis toujours qu’ils sont individuellement à l’abri et qu’ils n’ont pas besoin de stress tests à l’instar du secteur bancaire car le risque de pertes est contenu au sein même du fonds vu que ce risque pèse uniquement sur les investisseurs. (…) »