Nous en avons moins parlé ces derniers temps, mais la situation est loin d’être normalisée du côté des opérations de repos de la FED. Si bien que celle-ci essaie de trouver une solution structurelle à ce souci de liquidités. Un article publié dans le Wall Street Journal confirmerait l’analyse de la BRI quant aux entités à la recherche désespérée de liquidités qui sont derrière la crise des repos, selon Zero Hedge. Il s’agirait donc bien de hedge funds (et non de banques européennes, comme certains l’ont suggéré). De Zero Hedge :

La nouvelle de la semaine dernière qui fut probablement la plus importante a été très peu commentée. Dans un article du Wall Street Journal, on apprenait que la FED envisageait de prêter directement de l’argent (soit de les renflouer) aux hedge funds. « Les responsables de la FED réfléchissent à un nouvel outil afin d’apaiser les tensions sur les marchés du repo. À savoir de complètement contourner le système en prêtant directement de l’argent aux petites banques, aux sociétés de courtage et aux hedge funds via la Fixed Income Clearing Corp., or FICC, la chambre de compensation du marché du repo. »

Comme l’a écrit la BRI, pour ceux qui ne comprennent pas :

« Les changements d’habitudes dans les prêts et les emprunts des institutions non bancaires ont peut-être joué un rôle dans le bon des taux des repos. Les commentaires des acteurs des marchés suggèrent que durant les trimestres précédents, les acteurs leveragés (à savoir les hedge funds) ont augmenté leur demande pour les repos de Treasurys afin de financer les opérations d’arbitrage entre les obligations cash et leurs produits dérivés. »

Nous y sommes : le bon fonctionnement du marché du repo, alimenté par les banques commerciales, est critique afin de maintenir et de doper le prix des actifs risqués en raison de la façon des hedge funds de placer leurs trades, en duo. Comme le Financial Times l’a noté en décembre, « l’une des stratégies les plus populaires des hedge funds consiste à acheter des bons du Trésor tout en vendant l’équivalent sur le marché des produits dérivés, comme les contrats à terme sur les taux d’intérêt, tout en empochant la différence via l’arbitrage réalisé ».

Dans l’absolu il ne s’agit pas d’une opération très profitable, vu la relation très étroite du prix des 2 trades. Mais comme LTCM le sait mieux que quiconque, c’est à ça que servent les effets de levier. Beaucoup de levier. Et lorsque le marché a connu de gros problèmes en septembre, le risque était de voir tous ces effets de levier disparaître, ce qui aurait engendré des liquidations sans précédent dans l’univers très leveragés des hedge funds. D’où ce besoin de la FED d’intervenir afin de fournir des liquidités.

Et comme le Wall Street Journal l’a noté, il ne s’agit pas uniquement de sauver quelques hedge funds. Ce sont en fait les fondations du système financier américain qui sont subitement en danger, à savoir les maisons de compensation. C’est pourquoi la FED souhaite soudainement injecter des liquidités dans celles-ci. Le maillon faible que représentent les maisons de compensation avait été mis en avant par Russell Clark de Horseman Global quelques mois plus tôt.

Crise des repos en bref

Vu que tout ceci est très compliqué, faisons un résumé de ce que nous savons :

  1. La crise des repos a été engendrée par des soucis de liquidités des 4 grandes banques américaines. Elle a été précipitée par le retrait de JP Morgan de ce marché, qui lui prêtait plus de 100 milliards ;
  2. La FED a réglé le problème de l’offre en injectant plus de 400 milliards de dollars afin de faire gonfler les réserves des banques, d’abord via son offre en repos puis ses rachats de titres, soit un QE4 ;
  3. La FED doit encore régler le problème de la demande que l’on connaît depuis septembre. Et voici donc la solution envisagée par la FED…

Elle a de quoi être inquiète. Tout assèchement de la liquidité entraînerait la destruction des hedge funds et des banques, vu qu’elles sont des contreparties mutuelles. On comprend mieux désormais pourquoi la FED a agi de façon aussi décisive en septembre. Il ne s’agissait pas d’actions visant à gérer les réserves, comme elle l’a dit, mais bien d’empêcher des faillites en cascade du côté des hedge funds qui auraient entraîné les chambres de compensation.

Note : cet article de Zero Hedge a été élagué pour se concentrer sur l’essentiel dans un but de vulgarisation. Nous vous conseillons de lire l’article original pour mieux comprendre les tenants et aboutissants du dossier.