Les casquettes « Dow Jones 20 000 » ont été sorties des placards après une longue attente qui a démarré début décembre, lorsque le DJIA s’était rapproché tout près de ce chiffre symbolique, pour ensuite décliner par la suite.

Quelle aventure ce fut. Depuis le début de 2011 jusqu’au 27 janvier 2017, soit un peu plus de six ans, le Dow Jones a grimpé de 73 %, passant de 11 577 à 20 094 points. Fantastique !!

Mais lorsque l’on se penche sur le chiffre d’affaires des trente sociétés qui composent l’indice, une réalité plus difficile à avaler que le « bénéfice net par action hors éléments non-récurrents » loué par Wall Street, la situation devient morose.

Les 30 sociétés du Dow Jones représentent les leaders de leur secteur. Elles sont parmi les plus grosses, les plus prisées et les plus iconiques des sociétés américaines. Elles vont et viennent dans l’indice afin de s’adapter à notre monde en pleine mutation. Par exemple, en mars 2015, AT&T s’est fait éjecter du Dow Jones pour être remplacée par Apple vu que son omniprésent iPhone était devenu le visage moderne des télécommunications. Du sang neuf au chiffre d’affaires en pleine expansion qui remplace les vieilles sociétés dépassées. En moyenne, les chiffres d’affaires devraient augmenter, non ?

Il y a eu également une grande vague d’acquisitions, des mégas accords comme celui de l’acquisition de Vodafone par Verizon en 2013, pour la bagatelle de 130 milliards de dollars, ainsi que d’innombrables plus petites sociétés qu’Apple, Cisco, IBM et d’autres ont achetées. Ces fusions, grâce au chiffre d’affaires des sociétés acquises, font gonfler le propre CA de ces sociétés du Dow Jones. En moyenne, les chiffres d’affaires des sociétés du Dow devraient donc grimper, n’est-ce pas ?

Récemment, on m’a demandé ce qu’il en est du chiffre d’affaires des sociétés du Dow après avoir passé à la moulinette la débâcle des chiffres d’affaires enregistrés par deux de ces sociétés, IBM et Cisco. Voici ce que j’ai trouvé, attachez vos ceintures.

Le graphique ci-dessous montre les chiffres d’affaires cumulés (GAAP) par les 30 sociétés qui composent aujourd’hui le DJIA. Il inclut Apple, même si la société n’a rejoint l’indice qu’en 2015, il n’inclut pas AT&T. En 2016, ces 30 sociétés ont enregistré un chiffre d’affaires cumulé de 2,69 trillions de dollars. Cela représente une baisse de 4,4 % par rapport à 2011, ainsi que les pires chiffres depuis 2010 :

Chiffres d'affaire cumulé des sociétés du DOW JONES
Ok, vous allez me dire que c’est à cause de l’effondrement du pétrole. Ce déclin s’explique par celui des sociétés énergétiques. Bien sûr, il y a deux géants de l’énergie dans le Dow, Exxon Mobil et Chevron. Malheureusement, leur chiffre d’affaires a commencé à baisser bien avant la chute du pétrole. Le chiffre d’affaires a atteint un pic en 2011 pour ces deux sociétés, pour un total combiné de 740 milliards de dollars. À la fin de l’année 2014, avant le pire de l’effondrement du pétrole, le chiffre d’affaires avait déjà baissé de 16 % à 624 milliards. Et d’ici la fin 2016, il avait baissé de 351 milliards, après avoir plongé de 53 %.

Des entreprises du Dow, 4, dont Exxon Mobil, n’ont pas encore dévoilé leurs résultats pour le quatrième trimestre 2016. Pour les évaluer, j’ai calculé la croissance obtenue durant les trois premiers trimestres de l’année et je les ai appliqués aux chiffres du T4 2015. La méthode n’est pas parfaite, mais le résultat est proche. Et vu les chiffres en question, on parle de trillions, toute approximation sur ce trimestre correspond à une erreur d’arrondi.

Voici donc les chiffres d’affaires des sociétés du Dow sans Exxon Mobil et Chevron :

dow-jones-sans-petrolieresAh ah, vous allez dire. C’est la faute au pétrole. Sans les sociétés pétrolières ravagées par la baisse du brut, les chiffres d’affaires sont passables. Ok, peut-être pas si passables que cela. Les chiffres d’affaires des sociétés hors pétrolières sont en hausse de 13 % depuis 2011. Il s’agit d’une croissance annuelle de 2,5 %, soit à peine plus que l’inflation !

Mais le DJIA a atteint les 20 000. Même avec les compagnies pétrolières. (…) La réalité est encore pire. Apple, dont le chiffre d’affaires a explosé de plus de 1000 % depuis 2006, passant de 13,3 milliards à 216 milliards, a rejoint le Dow Jones en 2015, remplaçant AT&T. Son chiffre d’affaires net n’est inclus dans le Dow que depuis 2015. Si on refait le même graphique sans Apple (bleu), ainsi que sans Apple mais avec AT&T (rouge), on obtient une très belle stagnation :

dow-sans-apple-att(…)

Sur les 30 sociétés qui composent le DJIA, 16 ont vu leur chiffre d’affaires décliner en 2016, tandis que 17 d’entre elles sont en perte de vitesse sur les deux dernières années. Voyez plutôt cette réalité peu glorieuse :

ca-individuels-societes-djia

Mais les marchés actions aiment les écrans de fumée. Le chiffre d’affaires PCGR est camouflé de la meilleure façon qu’il soit, tout comme les magiciens font des tours de passe-passe pour occulter leurs mouvements. (…) Le DJIA a grimpé de 73 % durant les cinq dernières années jusqu’à 20 000 points même si les chiffres d’affaires des sociétés composent un océan de stagnation. (…) »

Source : article de Wolf Richter, publié le 29 janvier 2017 sur WolfStreet.com

Enregistrer

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Veuillez entrer votre nom ici