Cet article de schroders.com (traduction partielle) a été rédigé le 22 août, soit quelques jours avant la hausse du métal jaune qui semble tenir au-dessus du seuil psychologique des 1 300 $ et confirmer les vues des auteurs :
« Malgré la faiblesse significative du dollar, l’or ne bouge pas vraiment en ce moment. Il est handicapé par des facteurs tels que le rebond des taux réels ainsi que la stabilité grandissante du yuan qui a impacté la demande à court terme pour le métal jaune.
Mais il s’agit de facteurs à court terme qui n’ont aucune influence sur notre analyse, à savoir que l’or est entré dans un nouveau marché haussier. Comme nous l’avons déjà évoqué, notre position est motivée par 4 raisons principales :
- Les taux mondiaux doivent rester négatifs.
- En général, la valorisation des marchés actions est extrêmement élevée, l’excès d’optimisme règne sur les marchés financiers.
- Le dollar pourrait entrer dans un marché baissier.
- La demande chinoise d’or a le potentiel d’augmenter (et, de fait, la demande de pièces et de lingots d’or en Chine a déjà augmenté de 30 % durant le T1 2017 d’après le World Gold Council).
Actuellement, nous pensons que cette seconde raison est particulièrement pertinente.
En cette période de risques géopolitiques accrus, avec le Venezuela qui est au bord du chaos et les tensions grandissantes entre la Corée du Nord et les États-Unis, la possibilité d’un événement dans les mois prochains qui pousserait les investisseurs à réduire leur exposition au risque existe.
Dans de telles circonstances, nous croyons fortement que l’or pourrait devenir une police d’assurance à bon prix.
Pourquoi nous parlons d’excès d’optimisme ?
Commençons avec la bourse américaine. Le S&P 500 a atteint son record à 2 478 points en juillet. Au 17 août 2017, il était en hausse de 11,5 % depuis le début de l’année. Cet indice est cher sur base de toute une série d’indicateurs. Que l’on se penche sur le multiple prix/valeur, prix/bénéfices ou encore sur la valeur de l’entreprise ou son cash-flow, l’indice est valorisé 60 à 100 % de plus que la moyenne historique de ces 90 dernières années.
Quel que soit votre multiple préféré, l’analyse historique montre que les chances de retour positif pour les actions américaines sont très basses.
Les dernières justifications en date de ces valorisations élevées incluent la volonté du président Trump de réduire la fiscalité des entreprises ainsi que l’opinion que les coûts en capitaux étant au plus bas, les bénéfices des entreprises ont le potentiel de progresser.
Il se pourrait que les entreprises américaines bénéficient d’une fiscalité moins lourde, mais l’argument du coût peu élevé du capital est erroné. Des taux qui grimpent ne sont pas positifs pour le prix d’actions déjà chères. (…)
Comment l’or se comporte lorsque les actions sous-performent ?
Si l’histoire est un bon indicateur, nous constatons alors que le métal jaune dispose du potentiel de très bien se comporter lorsque la bourse traverse une période de vaches maigres.
Le rôle perçu de l’or en tant que valeur refuge est corroboré par les faits. Par exemple, si nous nous penchons sur la performance de l’or entre 1961 et 2017 (voir le graphique ci-dessous), il est très clair que le rendement annuel de l’or fut positif, surtout lorsque la baisse des actions coïncidait avec une inflation élevée.
Nous ne voyons aucune raison de croire que cette corrélation ne se poursuivra pas dans l’avenir. Ce qui est un motif pour être exposé un minimum à l’or. Il est cependant toujours bon de se souvenir que les performances du passé ne sont pas un gage quant aux performances du futur.
La valorisation élevée des actions à elle seule n’est pas une raison suffisante pour anticiper la hausse de l’or, mais vu l’excès d’optimisme qui règne sur les marchés, les perspectives de récompense par rapport au risque semblent attrayantes.
Il est de notoriété publique que le meilleur moment de contracter une assurance est lorsque la probabilité du risque est jugée faible. Par exemple, en Grande-Bretagne, les prix des assurances inondation ont bondi jusqu’à 550 % après les inondations de 2007 et de 2014.
Ce qui nous amène au VIX, qui illustre la volatilité implicite du S&P 500 sur les 30 derniers jours.
En ce moment, le VIX est à un plus bas de 27 ans. Les investisseurs ne s’attendent pas seulement à un S&P 500 stable dans les mois à venir, ils estiment tout simplement qu’il s’agit de l’environnement le moins risqué de l’histoire de l’indicateur.
Selon nous, c’est étrange à plusieurs titres. Non seulement ces valorisations extrêmes font face à la volonté des banques centrales de tenter d’inverser les politiques monétaires les plus extrêmes de l’histoire. D’autres facteurs plus viscéraux planent également en arrière-plan.
Selon nous, il est difficile de ne pas envisager une augmentation de la volatilité implicite dans les mois à venir. En cas de choc, ce sera obligatoire vu les valorisations actuelles. Cela ne concerne néanmoins pas les actions minières, bon marché actuellement. »