Hier, l’or a finalement abandonné quelques centimes (clôture à 1.778,5 $) après avoir flirté avec les 1.795 $ en cours de séance. L’argent a en revanche progressé d’environ 0,5 % pour finir la journée à 25,89 $. Selon Jeffrey Halley, analyste senior d’Oanda, il faut s’attendre à une période de consolidation dans un écart restreint en l’absence de direction claire et des signaux contradictoires qui sont envoyés par les différents membres de la FED.

Aux États-Unis, outre le plan d’investissement dans les infrastructures, on parle à nouveau du plafond de la dette. Il sera atteint une nouvelle fois au mois d’août alors que sa suspension, décidée en 2019, expire le 31 juillet 2021.

L’analyse or pour le second semestre 2021 de Credit Suisse

Malgré la chute spectaculaire de l’or qui est passé en dessous de niveaux de support critiques, une banque pense que le métal peut rebondir jusqu’à 1.900 $ l’once d’ici la fin de l’année. Cependant, le métal précieux devra faire avec une inflation et des taux d’intérêt plus élevés au cours des prochaines années.

Mercredi, lors d’une discussion sur Zoom, Fahad Tariq, analyste métaux précieux de Crédit Suisse, a déclaré que même à des prix plus bas, le secteur de l’or a encore beaucoup de valeur, en particulier du côté des actions minières.

Il a ajouté que bien que la Réserve fédérale ait signalé qu’elle pourrait potentiellement augmenter ses taux d’intérêt en 2023, les taux réels sont toujours en territoire négatif, et cela ne va pas changer de sitôt.

Tariq a indiqué que Crédit Suisse estime que l’or se trouve en position d’attente en ce moment. Cependant, il s’agit toujours d’un environnement positif pour les producteurs d’or. Ses commentaires interviennent alors que les contrats à terme sur l’or d’août se négocient actuellement à 1.783,60 $ l’once, en hausse de 0,36 % sur la journée.

« Si vous aviez dit aux sociétés minières il y a des années qu’il bénéficieraient du prix de l’or actuel, ils auraient été ravis. Leurs marges sont énormes, les plus importantes de l’histoire », a-t-il déclaré.

« Même si vous supposez que les prix de l’or stagnent ou que les prix de l’or baissent un peu, ces actions bénéficieront toujours de fondamentaux très solides », a-t-il ajouté.

Cependant, la banque n’est pas aussi optimiste sur l’or à long terme. Au cours de la discussion, James Sweeney, directeur général et économiste en chef de Crédit Suisse, a expliqué que les investisseurs doivent se préparer à un nouveau régime d’inflation.

Sweeney a noté qu’au cours de la dernière décennie, l’inflation avait oscillé autour de 1,7 %. Bien qu’il ne s’attend pas à un environnement hyperinflationniste majeur, il a déclaré que l’inflation pourrait évoluer autour de 3 % pour la prochaine décennie.

D’après lui, l’or pourrait avoir des difficultés au cours des prochaines années alors que les pressions inflationnistes se stabilisent à des niveaux plus élevés, les taux d’intérêt nominaux et réels augmentant. Il a ajouté que le risque est que l’inflation soit constamment plus élevée qu’anticipé par les économistes et la banque centrale.

« Je ne serais pas surpris si le taux neutre à court terme est supérieur à 3 % dans 5 ans, voire même 3,5 %. Pour l’or, cela sera important si cela se produit, a dit Sweeney. À un moment donné, si l’inflation s’avère tenace, le marché devra réévaluer ses attentes sur les taux à court terme à quelque chose de plus élevé. L’or et un certain nombre d’autres actifs ne vont pas aimer cette nouvelle. Je pense que c’est un risque majeur pour les marchés financiers dans les deux prochaines années. »

Parallèlement à une inflation moyenne plus élevée, Sweeney a annoncé qu’il s’attend également à une reprise de la volatilité économique.

« C’est lié aux défis budgétaires et aux problèmes importants et coûteux que rencontrent les gouvernements et à l’encours de la dette que nous avons. Je pense que ceux-ci vont créer des sources de volatilité à court terme », a-t-il déclaré (source).

L’inflation mauvaise pour l’or, vraiment ?

L’analyse de Sweeney part du principe que la FED sera en mesure de relever son taux directeur jusqu’à 3 % ou plus. Ce qui nous semble absolument impossible. Pour rappel, le dernier cycle de relèvement a été interrompu à 2,5 %, alors que la crise des repos indiquait que le système financier ne pouvait supporter de tels taux. Le Covid a ensuite permis à la FED d’intervenir massivement à nouveau en avançant une bonne excuse. La situation est évidemment pire désormais. Ce qui fait dire aux banques (source) qu’une économie américaine qui veut croître ne peut pas supporter un taux directeur de même 1 ou 2 %.