C’est le moment que les partisans des métaux précieux attendent depuis des années. À savoir le retour en grâce, et de quelle façon, de l’or et de l’argent. Le métal jaune est en phase de redressement depuis environ 2 ans, mais les choses se sont désormais accélérées. Si bien que l’or n’est plus qu’à quelques dizaines de dollars de son record historique, et que l’argent métal a enclenché la 5e afin de résorber son retard.

La performance des métaux précieux, surtout de l’or, surprend même les analystes. Comme l’explique cet article de Gary Wagner, de Kitco, les métaux précieux continuent de grimper plus haut et plus vite qu’ils ne l’avaient anticipé.

L’or et l’argent surprennent même leurs supporters

Hier, nous avons connu une nouvelle journée de hausse importante pour les métaux précieux. Ils ont commencé à partir fortement à la hausse à la mi-mars, lorsque l’épidémie de coronavirus est devenue une pandémie mondiale. Depuis, l’or s’est apprécié de plus de 300 $ en passant de 1.450 à 1.788 $.

Les contrats à terme sur l’or du contrat le plus actif (août) ont grimpé de 23,7 dollars hier (+1,28 %), tandis que l’argent s’est apprécié de 7,92 % pour dépasser les 23 $.

L’accélération initiale des prix des métaux précieux a été provoquée par la pandémie de coronavirus, et plus spécifiquement par la réaction des banques centrales, qui ont inondé leur économie de liquidités afin de combattre la récession.

Les mouvements plus récents de l’or et de l’argent peuvent être expliqués par l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine. Les USA ont notamment ordonné la fermeture du consulat chinois de Houston, ce qui n’a fait que dégrader davantage des relations déjà très compliquées. Les Chinois ont qualifié la décision américaine « d’escalade sans précédent de la part des États-Unis ». Pékin a déjà menacé le gouvernement US de représailles s’il ne fait pas machine arrière.

Ce nouveau bras de fer entre la Chine et les États-Unis n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu créé par les stimulations américaines massives alors que la FED a adopté une posture très accommodante. Sa stratégie avait le potentiel de dévaluer la valeur du dollar américain, et ce potentiel s’est réalisé.

Ces revers géopolitiques et économiques ont créé l’environnement parfait pour l’or afin qu’il teste son record historique. À vrai dire, le métal jaune a déjà atteint des prix historiques dans de nombreuses devises, dont l’euro, le dollar canadien, la livre sterling, la roupie indienne, etc.

Boris Schlossberg, directeur de la stratégie FX de BK Asset Management, a déclaré à MarketWatch : « L’or attire les investisseurs lorsque les taux réels se compressent et que les tensions politiques augmentent. L’environnement actuel est donc parfait pour envisager une hausse à moyen terme. »

Pour de nombreux analystes, dont je fais partie, il est clair que l’or et l’argent ont grimpé en raison de 2 raisons principales : la faiblesse du dollar, et l’optimisme extrême des traders et des participants aux marchés.

Jeroen Blokland, gestionnaire senior de Robecco Asset Management, estime que « les métaux précieux semblent avoir profité de la tempête parfaite. La plupart des facteurs qui jouent en faveur de l’argent poussent également dans le dos l’or. À savoir les politiques monétaires agressives et les largesses fiscales des gouvernements, qui limitent la capacité de hausse des rendements obligataires. Ce qui signifie que ces actifs, ajustés à l’inflation, offrent des rendements inférieurs, ce qui a tendance à doper l’or et l’argent ».

Tant que les banques centrales déploieront des politiques monétaires extrêmement accommodantes, elles dévalueront leur monnaie. De telles mesures extrêmes n’ont plus été prises depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces actions ne peuvent avoir qu’une conséquence en ce qui concerne le prix de l’or et de l’argent, à savoir des hausses, et les traders vont continuer d’alimenter la demande pour les valeurs refuges.

2.000 $ d’ici la fin de l’année ?

Bien entendu, tout ce qui monte doit un jour descendre. Jusqu’où l’or peut-il aller avant de corriger ? Selon Marc Chandler, stratégiste en chef de Bannockburn Global Forex, le métal jaune a encore une marge de progression d’ici la fin de l’année. Il a déclaré à Kitco que vu l’environnement actuel, l’or pourrait facilement franchir la barre des 2.000 $.

« Je pense que l’or va continuer de grimper, 2.000 $ pourrait être un objectif conservateur », a-t-il déclaré. Le stratégiste, qui est bullish sur l’or depuis le début de l’année, prévient quand même les investisseurs qu’une correction n’est pas à exclure vu que les marchés n’évoluent jamais en ligne droite.

« La vigueur de cette hausse me rend un peu prudent. Lorsqu’on regarde les indicateurs techniques, il y a de la surchauffe. La question n’est pas de savoir s’il faut liquider ses positions, mais plutôt de se préparer à une éventuelle correction. »

Les taux, qui seront bas sur le long terme, et la faiblesse du dollar sont les 2 vents favorables majeurs pour l’or, selon Chandler. Mais c’est surtout le billet vert qui l’intéresse, car il estime qu’il pourrait entrer dans un marché baissier de plusieurs années.

« Je suis pessimiste pour le dollar, ce qui est conforme avec ma vision optimiste pour l’or. Je pense que de plus en plus d’investisseurs rejoignent le camp des bears du dollar, et l’or en profite pleinement », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne les taux, l’or va continuer de briller alors que 14 trillions de dollars d’obligations souveraines affichent un rendement négatif. Il a également précisé que la dette devrait continuer de se creuser à l’avenir.

« Dans un premier temps, il s’agissait de stabiliser les marchés. Cette mission est réussie, mais dans la seconde phase la FED devra vraiment soutenir l’économie. Je pense que cela exigera la nécessité d’augmenter davantage la taille de son bilan », a-t-il conclu.

Source