Entendez-vous les bruits de botte ? Les 2 plus grandes économies du monde montrent leurs muscles et se préparent à la guerre. Mais l’or bénéficierait-il d’une éventuelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ?

Début des tensions

Guerre commerciale. On ne parle que de ça ces derniers jours. La semaine dernière, le président Trump a annoncé des droits de douane d’environ 60 milliards sur des importations chinoises. En réponse, le vice-Premier ministre chinois Liu He a déclaré à Steven Mnuchin que son pays était prêt à défendre ses intérêts. Et de fait, le vendredi, la Chine annonçait des droits de douane de 3 milliards de dollars sur l’importation de produits américains. Sommes-nous en guerre ?

C’est ce que pensent les marchés

C’est ce que craignent les investisseurs. Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, le dollar américain a plongé pour atteindre un plus bas de 16 mois par rapport au yen.

Ce contentieux commercial a également secoué les marchés actions. Le S&P 500 a chuté comme une pierre en fin de semaine dernière, comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous. Alors que les investisseurs passaient en mode « risque OFF », ils se sont tournés vers les valeurs refuges telles que le yen et l’or. Vendredi, le cours du métal jaune a atteint un plus haut de 5 semaines en flirtant avec la barre des 1350 $.

Mais sommes-nous vraiment en guerre ?

Ce scénario de la guerre commerciale et de la fin du libéralisme est vraiment effrayant. Cela fait donc les choux gras des médias. Le risque n’est pas à écarter totalement, c’est sûr. Mais concentrons-nous sur les faits pour voir les choses de façon réaliste.

Tout d’abord, Trump n’a pour l’instant signé qu’un mémo. Il ouvre une période de consultation de 30 jours pour discuter les droits de douane. Il fournit un délai de 60 jours au Trésor pour développer des restrictions d’investissements qui empêcheraient les sociétés chinoises d’acheter des sociétés américaines ayant développé des technologies sensibles. Durant cette période d’attente, la proposition de Trump pourrait être revue à la baisse. Cela fournit un délai pour la négociation, les investisseurs ne doivent pas oublier que Trump est un bon négociateur. Ses propositions parfois folles pourraient n’être qu’un moyen de renforcer sa position de négociation.

Deuxièmement, les dégâts infligés à la Chine devraient être modestes. Je suis contre le protectionnisme, mais les droits de douane évoqués ne représentent que 0,1 % du PIB chinois. Ce ne serait donc pas la fin du monde, en tout cas pas encore.

Troisièmement, la réponse chinoise est jusqu’à présent timide. La contre-attaque ne pèse que 3 milliards de dollars de droits de douane supplémentaires. Plus important encore, elle n’a pas visé des exportations clés telles que le soja ou l’aéronautique. Les craintes de voir une guerre commerciale se développer sont donc peut-être exagérées.

Les conséquences pour l’or

Il n’empêche que ces craintes concernant l’émergence d’une guerre commerciale sont fondamentalement positives pour l’or. Le métal jaune se comporte comme une devise. On peut le considérer comme un pari contre le système monétaire actuel basé sur l’argent papier, et tout particulièrement contre le dollar. Lorsque le billet vert faiblit, l’or brille. Quels sont les facteurs qui déterminent la confiance des investisseurs dans le dollar ? Ils sont nombreux, mais les politiques du gouvernement sont cruciales. Et cela ne concerne pas que les politiques monétaires et fiscales, les politiques commerciales sont également importantes.

Comme nous l’avons déjà expliqué, la rhétorique protectionniste qui se développe aux États-Unis impacte sa réputation d’allié fiable. Les États-Unis furent le principal architecte et garant de l’ordre mondial libéral. Les investisseurs craignent de voir cet ordre être détricoté. Même si cela n’aura probablement pas lieu, n’est-il pas raisonnable d’acheter un peu d’or en guise d’assurance ? C’est pourquoi ce contexte est positif pour le métal jaune. Cependant, vu que ces craintes sont probablement surestimées, nous pourrions connaître une correction par la suite.

Article d’Arcadiusz Sieron, publié le 27 mars 2018 sur SafeHaven.com