Après la Seconde Guerre mondiale, les craintes découlant de la Guerre froide ont poussé les pays européens comme l’Allemagne à conserver une partie de leur or à New York, Londres ou encore Paris. Après la chute du communisme, rien n’a changé. Puis, après la crise de 2008, des pays ont subitement manifesté leur volonté de rapatrier leur métal, notamment les Pays-Bas, l’Autriche et l’Allemagne.

La fin de la Guerre froide fut l’une des raisons citées par la Buba pour justifier l’opération de rapatriement, un argument curieux vu que la dislocation de l’URSS a eu lieu il y a plus de 25 ans et qu’aujourd’hui les tensions avec la Russie sont tellement vives qu’on parle de nouvelle Guerre froide. La raison doit être autre, voici plusieurs hypothèses à considérer.

L’Allemagne a terminé son opération de rapatriement partiel de son métal stocké à l’étranger. Pour la première fois depuis l’après-guerre, plus de la moitié de ses réserves se trouve sur son sol.

La décision de l’Allemagne de rapatrier partiellement son or stocké à Paris et à New York fut annoncée au début de l’année 2013, une décision qui en a surpris plus d’un. Jusque-là, l’Allemagne ne stockait que 31 % de ses réserves sur place tandis que le reste se trouvait aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France.

Les explications possibles

Dans un premier temps, l’Allemagne a notamment expliqué vouloir améliorer l’accès à son or afin de pouvoir le vendre le plus vite possible en cas de besoin (argument spécieux vu qu’il n’y a pas de marché de l’or en gros performant en Allemagne).

Cependant, les représentants de la Banque centrale allemande ont ensuite déclaré qu’ils n’avaient nulle intention de vendre de l’or. L’une des hypothèses les plus populaires est que la décision subite de l’Allemagne signifie qu’elle examine la possibilité d’abandonner l’euro et de revenir au mark.

Dans une telle éventualité, le métal jaune serait très utile : il servira à stabiliser la nouvelle monnaie, la protéger de la spéculation et de la volatilité des marchés. (source)

L’avis de Jim Rickards

Pour Jim Rickards, il s’agit d’une décision politique. Comme il l’explique dans cet article, 2013 et 2017 sont 2 années électorales en Allemagne. À l’occasion des élections du 24 septembre 2017, la position de la chancelière Angela Merkel est en jeu, et elle aura peut-être besoin d’une coalition pour rester au pouvoir. Or un petit parti nationaliste allemand a fait du rapatriement de l’or de l’Allemagne l’une de ses prérogatives.

L’opération aurait donc eu pour but de satisfaire ce petit parti afin de pouvoir compter sur lui pour une coalition. Cela expliquerait pourquoi l’opération de rapatriement a été conclu avec 3 ans d’avance sur le calendrier initial, pour coïncider avec la date de ces élections.

Et pourquoi Mnuchin est allé à Fort Knox maintenant ?

Un secrétaire au Trésor qui se rend à Fort Knox, cela arrive une fois toutes les lunes. Il est fort peu probable que Steven Mnuchin, s’embêtant dans son bureau de Washington D.C., s’est subitement dit « oh je vais aller faire une petite visite d’inspection à Fort Knox ». Il doit forcément y avoir une raison… toujours selon Rickards, elle pourrait être la suivante : le Trésor est sur le point d’être en manque de liquidités tant que le plafond de la dette n’est pas relevé. Il estime que les caisses devraient être vides le 29 septembre. Cependant, le Trésor pourrait empocher 355 milliards d’un coup de baguette magique, sans s’endetter, simplement en réévaluant l’or qu’il possède à la valeur de marché (pour rappel « l’or de la FED » appartient en fait au Trésor américain, celui-ci a émis des certificats en contrepartie du dépôt du métal mais celui-ci est toujours valorisé à 42,22 dollars l’once, ce qui est évidemment très loin de sa valeur réelle).

Si le Trésor réévalue la valeur de l’or, il pourra émettre de nouveaux certificats et demander ainsi en contrepartie à la FED de lui verser de l’argent fraîchement créé sur son compte comme le permet le Gold Reserve Act de 1934.

Il s’agirait donc d’un tour de passe-passe pour contourner le problème du relèvement du plafond de la dette. Il y a d’ailleurs un précédent : l’administration Eisenhower l’a fait en 1953 (note : nous n’avons pas trouvé de trace de cette décision à part cet article de 1953 du Chicago Tribune qui évoque la possibilité d’une réévaluation du prix de l’or ; cela a probablement bien eu lieu, ce qui explique pourquoi l’or fut valorisé à 35 $ par le Gold Reserve Act en 1934 et qu’il est désormais à 42,22 $).

Avant d’y avoir éventuellement recours, Mnuchin aurait voulu s’assurer que l’or est bel et bien là, selon Rickard, avant de conclure que « quelle que soit la raison, l’attention du gouvernement pour l’or a fourni un coup de pouce psychologique au métal dont la hausse est principalement alimentée par le ton plus conciliant de la FED, l’offre limitée et les achats voraces et continus de la Russie et de la Chine ».