Si les ETF or sont un outil très pratique pour spéculer sur le métal jaune, il s’agit d’un véhicule plus risqué lorsqu’on veut s’exposer à long terme à l’or. En effet, ces positions, à quelques exceptions près, ne sont pas toujours garanties par de l’or physique en possession directe de l’ETF. Nous avons déjà parlé des dangers de « l’or papier ». Cet article de Ronald Manly de BullionStar ne fait que confirmer les risques inhérents aux ETF or.

Le CFO du GLD a démissionné un jour avant la fin de l’exercice 2020

Dans son article, Manly commence par nous apprendre que le CFO du GLD, soit le comptable en chef, a démissionné un jour avant la fin de l’exercice fiscal 2020. Soit le 29 septembre. Brandon Woods, le successeur de la démissionnaire Laura Melman, a pris ses fonctions le jour de la fin de l’exercice 2020. C’est donc lui qui a dû signer les comptes de la société, le jour de son arrivée.

« Si quelqu’un connaît un précédent similaire, à savoir la nomination du CFO d’un ETF de haut niveau un jour avant la clôture des comptes, merci de m’en informer, » a écrit Manly. Pour lui, il y a clairement quelque chose d’anormal.

L’enregistrement du formulaire 8-K par le World Gold Council se veut apaisant. « Le départ ne fut pas le fruit d’un désaccord concernant les opérations, les politiques ou les pratiques du SPDR® Gold Trust ». Il n’empêche, sa démission fut avec effet immédiat. Ce qui, selon Manly, tend à prouver que le départ de Melman fut soudain. Ce qui entraîna la décision tout aussi subite d’embaucher à la va-vite Woods, avec effet immédiat à nouveau.

Depuis 2014, cet ETF a consommé pas moins de 6 CFO. Soit le WGC paie mal, soit il y a quelque chose qui dérange ses comptables en chef.

Rétention d’information dans le formulaire 10-K

Manly poursuit en référant à quelques-uns de ses articles qui ont émis des doutes concernant l’or physique officiellement détenu par l’ETF, ou encore ses difficultés à se procurer du métal. Par exemple, au printemps dernier le SPDR Gold Trust a déclaré que la banque d’Angleterre était devenue l’un de ses dépositaires. En principe, HSBC Londres est le dépositaire de l’ETF. Mais vu qu’à l’époque la banque ne disposait pas de suffisamment de lingots pour couvrir les positions ouvertes sur l’ETF, le GLD avait dû se tourner vers la BoE. L’ETF ne lui acheta pas de l’or, mais en emprunta. Et vu que l’on sait qu’un lingot peut-être prêté plusieurs fois, c’est évidemment un danger pour ceux qui sont exposé au GLD.

Mais c’est principalement le recours grandissant à la Bank of England en tant que fournisseur d’or qui a intéressé Manly durant ces derniers mois. En lisant le formulaire 10-K, il fut choqué de constater le recours d’un langage approximatif lorsqu’il s’agit d’évoquer les quantités d’or détenues par le Trust  :

« Il est utile de se rappeler que les comptables ne sont pas le genre d’individu à utiliser des termes approximatifs. Les comptes et les rapports financiers doivent par définition utiliser des chiffres. Aucun CFO digne de ce nom n’accepterait de soumettre à la SEC des comptes qui utilisent des termes tels que « une certaine quantité ». À moins, évidemment, qu’il ait quelque chose à cacher. De plus, le principe de divulgation complète veut que toutes les informations nécessaires à la compréhension d’un bilan financier doivent être incluses. »

Mais il y a pire : les chiffres sont connus

Manly poursuit en expliquant qu’en vertu de l’obligation de présenter son bilan financier en respectant le format XBRL, il suffit de cliquer sur des liens pour obtenir les informations qui ne sont pas écrites noir sur blanc dans le 10-K. Manly se demande donc, à juste titre, pourquoi le GLD n’a pas inclus dans son dernier 10-K ces informations qui sont en sa possession.

L’auditeur du GLD depuis 2010, KPMG, en tout cas cru bon nécessaire de faire quelques vérifications. Dans la déclaration à la SEC, on peut voir une section « Critical Audit Matter » de l’auditeur, KPMG. Pour la première fois depuis 10 ans, la société a décidé de faire une « évaluation des preuves concernant l’existence des stocks d’or » du trust. Selon Manly, cette section du 10-K a été incluse par KPMG afin de se couvrir en cas de souci. La société a pu voir du métal de visu, a obtenu des comptes réalisés par des tiers…

Conclusion

Il se passe clairement des choses curieuses du côté du GLD. Et même si l’ETF n’a pas enfreint les règles, son recours grandissant à la BoE en tant que dépositaire semble être un signe évident du caractère tendu du marché de gros de l’or physique.