Durant les 12 mois qui ont précédé février 2019, la dette américaine a gonflé de 1,26 trillion de dollars pour atteindre 22,1 trillions. Quelqu’un a dû acheter ces obligations, de qui s’agit-il ? Cette question est de plus en plus cruciale alors que la dette explose même lorsque l’économie se porte bien, en raison de déficits qualifiés de non viables par Powell lorsqu’on lui pose la question.
Aujourd’hui, les données TIC du Trésor US apportent la réponse à cette question.
La dette du gouvernement américain, qui a coûté des intérêts records de 523 milliards de dollars durant l’année fiscale 2018, représente un actif pour les investisseurs, les créditeurs des États-Unis. Le pays a besoin d’eux pour financer ses énormes déficits.
Les créditeurs étrangers des États-Unis
La Chine, le plus gros créditeur étranger des États-Unis, a vendu pour 46 milliards d’obligations durant cette période d’un an, d’après ces statistiques. Mais durant ces 3 derniers mois, la Chine est passée à l’achat. À la fin du mois de février, son portefeuille d’obligations américaines avait une valeur de 1,13 trillion de dollars (contre 1,25 trillion en février 2016, le record historique).
Le Japon, le second plus gros créditeur des États-Unis, a acheté pour 13 milliards d’obligations durant cette période d’un an. Tokyo possède pour un total de 1,07 trillion de bons du Trésor américain (record : 1,24 trillion, fin 2014).
La Chine et le Japon sont de loin les créditeurs étrangers les plus importants des États-Unis, mais leur importance relative a baissé durant ces dernières années alors que la valeur de leur portefeuille baissait tandis que les déficits explosaient. Au total, ces 2 pays possèdent 10 % de la dette américaine.
Globalement, les investisseurs étrangers ont augmenté leur exposition aux bons du Trésor de 164 milliards de dollars, pour un total de 6,39 trillions. Ces investisseurs étrangers sont sous-divisés en 2 catégories, le secteur public + la banque centrale et le secteur privé. Ce premier groupe a réduit son exposition de 6 milliards durant cette année, tandis que le second a augmenté son exposition de 170 milliards (pour un total respectif de 4,02 et 2,36 trillions). (…)
Qui a acheté la dette américaine ?
Comme nous l’avons vu, de février 2018 à février 2019, les investisseurs étrangers ont augmenté de 164 milliards leur exposition aux bons du Trésor américain. La dette a néanmoins augmenté de 1,26 trillion durant la même période. Cela signifie que quelqu’un a dû acheter pour 1,096 trillion de dollars d’obligations américaines.
- Ce n’est pas la FED : elle a vendu pour 249 milliards de titres dans le cadre de son resserrement quantitatif. En février, son portefeuille s’élevait à 2,175 trillions de dollars.
- Des entités gouvernementales US ont acheté pour 160 milliards d’obligations, portant leur total à 5,86 trillions. Ces entités sont des caisses de retraite publiques, la sécurité sociale, etc.
Les investisseurs américains (banques et particuliers) ont acheté pour 1,19 trillion d’obligations US. La valeur de leur portefeuille s’élève désormais à 7,7 trillions.
La conclusion est donc sans appel : si durant les 3 derniers mois de cette période les investisseurs étrangers ont beaucoup acheté de bons du Trésor, les institutions américaines et les particuliers en accumulent d’énormes quantités.