On connaissait déjà les faux lingots ou lingotins de tungstène plaqués or. Ce genre d’incident est relaté de temps en temps dans la presse. Mais le cas qui nous occupe est absolument inédit par son ampleur. Le scandale de Kingold concerne potentiellement 83 tonnes de faux lingots qui ont permis d’obtenir pour 2,8 milliards de dollars de crédits !

Kingold est le plus gros transformateur de métal jaune privé de Chine. Cette société est basée à Wuhan, la ville tristement célèbre pour être le foyer du Covid-19. Kingold est une société cotée au Nasdaq. Comment le pot aux roses a-t-il été découvert ? Lorsque l’un des créditeurs de Kingold, Dongguan Trust Co. Ltd, a voulu liquider la garantie déposée par Kingold afin de couvrir ses impayés. Lorsque la banque a regardé de plus près les lingots, elle a découvert qu’il s’agissait de vulgaires briques de cuivre recouvertes d’une fine pellicule d’or.

La nouvelle a évidemment été accueillie avec effroi par les autres créditeurs de Kingold. China Minsheng Trust Co. Ltd., l’un des plus importants, a obtenu l’autorisation d’un tribunal de tester les lingots. Les vérifications ont eu lieu le 22 mai dernier, et elles ont établi que tous les lingots étaient aussi des faux.

Une enquête a été diligentée par les autorités. Le patron de Kingold, un ancien militaire, affirme que tout est en ordre de son côté.

Ce n’est pas une première en Chine

En 2016, une autre fraude de taille concernant de faux lingots avait fait l’actualité. Cette fois-ci, il s’agissait des fameux lingots pralinés au tungstène.

Comment tout cela est-il possible ?

On peut évidemment se demander comment il est possible de déposer pour des centaines de millions en lingots d’or sans que ceux-ci soient expertisés. C’est d’ailleurs cette ligne de défense qu’adopte Jia pour riposter. À la société Misheng, il a expliqué que l’or acquis par Kingold à ses débuts était de faible pureté. Il a également réfuté qu’il s’agît de faux lingots. « Comment pourrait-il s’agir de faux lingots si des sociétés d’assurance ont accepté de les assurer », a-t-il déclaré.

Disqualifié du Shanghai Stock Exchange

Les excuses du PDG de Kingold n’expliquent pas le fait qu’il n’y a pas d’or dans ces lingots. Un or de faible qualité ne se transforme pas en cuivre… Les autorités sont sur l’affaire. Il y a une semaine, le Shanghai Stock Exchange a exclu Kingold.

Il semblerait que l’ancien militaire ait fait jouer ses relations dans la province de Hubei pour agir comme bon lui semble. Une source a notamment déclaré : « Cela fait des années que nous savons qu’il n’a pas beaucoup d’or, il a surtout du cuivre. » Les institutions locales évitaient de faire affaire avec lui, tout en prenant garde de ne pas l’offenser publiquement, a-t-elle ajouté. Si bien que les banques et les trusts de la province de Hubei qui ont traité avec lui sont très rares.

Tout a commencé en 2013 avec un premier prêt garanti par 1 tonne d’or. Celui-ci avait permis de financer un projet immobilier. Le crédit fut remboursé à temps. Kingold a ensuite privilégié cette méthode pour garantir ses prêts. Et en se montrant de plus en plus gourmand.

Collusion avec l’assureur ?

« Comment pourrait-il s’agir de faux lingots si des sociétés d’assurance ont accepté de les assurer… » C’est en effet la question à 1.000 francs. Depuis 2015, c’est l’assureur PICC P&C qui se charge de garantir les lingots de Kingold. La garantie offerte par cette société était cruciale pour que les banques acceptent de prêter à Kingold. Tout simplement parce que même en cas de tests, les vérifications ne concernent que des échantillons : il est irréaliste d’examiner chaque lingot.

La culpabilité de l’assureur reste à établir, mais elle semble intuitive, vu qu’aucun lingot n’est véritable. Reste à savoir si les banques étaient au courant de la magouille ou pas.

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