L’or va connaître une nouvelle semaine volatile alors qu’il tente de franchir la barre des 1.800 $ l’once, d’après des analystes. La semaine dernière, le métal jaune a connu une semaine très intéressante. Son cours a notamment atteint un plus haut de 7,5 années lorsqu’il a franchi les 1.796 $ mercredi dernier.
Après s’être consolidés, les prix ont à nouveau franchi les 1.770 $. La perte d’appétit pour le risque a permis à l’or de poursuivre sur son élan. Cependant, le regain de forme du dollar a fait de l’ombre au métal. « Le dollar américain est en train de se redresser, ce qui affecte le prix des matières premières », a déclaré Everett Millman, expert métaux précieux de Gainesville Coins.
La résurgence des infections de Covid aux États-Unis est la plus grosse préoccupation des investisseurs. Jeudi dernier, près de 40.000 nouveaux cas ont été recensés, soit l’un des pires chiffres quotidiens enregistrés aux États-Unis depuis le début de la pandémie.
Quel sera l’impact de cette nouvelle vague sur la reprise de l’économie américaine ? C’est cette question qui a provoqué la baisse importante des marchés de vendredi. Le Dow Jones a notamment perdu 500 points lorsque le gouverneur du Texas Greg Abbott a annulé certaines mesures du déconfinement. « Actuellement, il est clair que l’augmentation des cas est largement alimentée par certaines activités, notamment par les Texans qui se rassemblent dans les bars », a déclaré Abbott dans son communiqué.
La baisse de l’appétit pour le risque est positive pour l’or. Mais une escalade significative du nombre de cas enregistrés pourrait faire dérailler le rallye de l’or. Car en fin de course, il dépend en grande partie des attentes concernant l’inflation, a déclaré le patron de la stratégie globale de TD Securities, Bart Melek, à Kitco.
« Nous assistons à l’émergence d’un phénomène contre-intuitif. Vendredi matin, l’or a baissé de concert avec les actions, a déclaré Melek. La 3e tentative du métal jaune de franchissement de la barre des 1.800 $ a été interrompue par de nouvelles craintes concernant le coronavirus. Cela fait baisser les attentes concernant l’inflation à long terme, qui avaient animé les sessions précédentes. »
Les marchés financiers sont également influencés par la décision de la FED de jeudi, qui a décidé de plafonner les dividendes et de bannir les rachats d’actions au moins jusqu’au 4e trimestre suite à ses stress tests annuels.
Un parfum d’élection présidentielle
L’élection présidentielle fait de plus en plus la une. Les derniers sondages en la matière commencent à influencer les marchés.
« Nous sommes en train de nous rapprocher de la saison de l’élection présidentielle. Pour la première fois, je commence à voir les marchés réagir aux sondages. S’ils suggèrent un changement de témoin, cela pourrait quelque peu secouer l’or », a déclaré Millman.
Les derniers sondages montrent un Joe Biden en tête face au président en exercice pour cette élection qui aura lieu en novembre. Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis de Capital Economics, a déclaré :
« La gestion de la crise du coronavirus a mis un coup au taux d’approbation de Trump. Notamment en raison de l’augmentation des infections dans le sud et l’ouest du pays. Il y a aussi les vagues de protestation suite à la mort de George Floyd. »
Mais il est trop tôt pour accorder trop d’importance aux sondages qui annoncent Biden en tête, a-t-il ajouté. « Les marchés actions pourraient craindre qu’en cas de victoire de Biden, en conjonction avec la prise de contrôle démocrate du Sénat, on assiste à une hausse significative de la fiscalité des entreprises. Mais même en cas de majorité, elle ne sera pas suffisamment écrasante pour imposer des changements importants de fiscalité », a-t-il noté.
Direction du prix de l’or alors que le T2 s’achève
Au-delà de ces facteurs visibles, il y a beaucoup de choses qui se déroulent en coulisse vu que nous sommes à la fin du mois de juin et du second trimestre. C’est ce qu’a déclaré Afshin Nabavi, vice-président senior de MKS SA, une société spécialisée dans le trading des métaux précieux.
« Le marché est difficile. Il y a beaucoup d’opérations financières de fin de mois et de fin de trimestre qui ont lieu », a-t-il déclaré. Après avoir testé un plus haut vieux de plusieurs années, l’or poursuit sa consolidation. Ce qui est une bonne chose pour ceux qui veulent acheter le métal avant qu’il reprenne sa marche en avant, a-t-il précisé.
« Je ne serais pas étonné de voir le métal évoluer à la baisse momentanément. Il s’agit d’une excellente opportunité pour acheter pas cher, a-t-il noté. Il y a énormément de pression sur la reprise économique américaine… ce qui augure d’une hausse du prix de l’or. Le métal jaune a tenu les 1.770 $. Les prochains niveaux de résistance sont 1.780 et 1.800 $. »
Le métal jaune s’est cassé les dents sur le niveau de résistance (des 1.800) pour ensuite rebondir au seuil de support technique des 1.764 $. Il va désormais se consolider autour des 1.800 $ pour ensuite tenter de s’affranchir de ce niveau de résistance, a expliqué Melek.
« La trajectoire anticipée de l’économie va avoir une grosse influence sur la suite des événements, a-t-il déclaré. Pour l’or, des taux réels qui ne baissent pas en raison d’une inflation en sourdine sont le danger. Les nouvelles infections pourraient matérialiser un tel scénario. »
Pour cette semaine, ce sont les chiffres macro-économiques qui vont peser, selon lui. Tout en précisant que de bonnes nouvelles économiques seront positives aussi pour le métal jaune.
Les chiffres à surveiller cette semaine
Malgré une semaine écourtée par la fête nationale américaine de vendredi, des chiffres économiques importants seront publiés au cours de celle-ci. Jeudi devrait être la journée la plus animée avec la publication des chiffres de l’emploi de juin, ainsi que les commandes du secteur industriel de mai.
« Tous les yeux seront bien entendu rivés sur les chiffres de l’emploi, qui seront publiés jeudi vu que vendredi est férié. Vu que tous les États rouvrent au moins partiellement, on devrait assister à une reprise substantielle de l’emploi alors que les salariés reprennent le chemin du travail. (…) »
Malgré cela, les chiffres de Google Mobility montrent que l’activité des consommateurs et des entreprises reste bien inférieure à la normale. C’est notamment le cas dans les zones peuplées que sont New York, le New Jersey et la Californie, ont relevé les économistes d’ING vendredi dernier.