Pendant des décennies, on a tenté de nous faire croire que la question de savoir quel doit être le prix de l’or (cours fixe dollars/or) en cas de retour standard or est comme insoluble, tel le dernier théorème de Fermat. C’est idiot.

Il est un fait que de nombreux pays ont réadopté le standard or après avoir laissé flotter leur devise. Dans la plupart des exemples que nous avons, ces entreprises furent couronnées de succès. Parmi ces pays, il y a les États-Unis en 1879, en 1919 (même si c’est discutable), en 1934 et en 1953 (encore une fois discutable). La France, en 1926. La Grande-Bretagne, en 1821 et en 1925. Le Japon, en 1897, 1931 et 1949. L’Allemagne, en 1923 et en 1949. La Chine, en 1949.

Les 3 étapes pour la restauration du standard or

La restauration du standard or s’est principalement faite de 3 façons :

  • La première est le retour à la parité précédente en vigueur avec la devise nationale, suivi d’une dévaluation en raison d’une guerre. Ce fut vrai pour les États-Unis en 1879 et de façon plus controversée en 1953, pour la Grande-Bretagne en 1821 et en 1925. Cette méthode implique de relever la valeur de la devise à sa valeur d’avant-guerre, un processus qui a des conséquences récessionnistes. Dans la pratique, cela n’a pas trop porté à conséquence, sauf en cas de mauvaises politiques économiques (notamment en termes de fiscalité). Ajouter un facteur monétariste récessionniste (à mon avis léger) dans le contexte fiscal difficile des années 20 en Grande-Bretagne s’est avéré être problématique. Ce le fut beaucoup moins en 1821, en partie parce que les lourds impôts de guerre furent fortement réduits, et que le contexte était mûr pour un boom économique ;
  • La seconde a lieu lorsque la devise est totalement détruite par l’hyperinflation. Dans ce cas, la question de la parité de la nouvelle monnaie n’a aucune importance. Habituellement, les pays concernés ont choisi de réintroduire la parité précédente. Ce fut le cas pour les États-Unis en 1789, pour la France, en 1801 et l’Allemagne, en 1923 ;
  • La 3e est un scénario dans lequel la devise existante a été tellement dévaluée qu’elle ne peut être fixée à la parité précédente (par exemple les 35 dollars l’once de Bretton Woods). Cependant, elle ne l’a pas été non plus suffisamment pour être considérée comme du papier toilette. Ce fut le cas de la France en 1926, du Japon en 1949, et c’est le cas aujourd’hui des États-Unis ainsi que dans d’autres pays. Dans ce cas, la nouvelle parité doit être fixée autour de la valeur actuelle telle que déterminée par le marché. J’aime utiliser personnellement la moyenne des 12 derniers mois pour obtenir une bonne estimation.

Comme je l’ai décrit, les États-Unis ont connu 2 périodes de politiques d’un standard or rudimentaire depuis 1971. La première fut de 1982 à environ 2004, la seconde d’environ 2013 à aujourd’hui. La première valeur de parité fut autour des 350 $ l’once, soit entre les 300 $ des accords de Paris de 1985 (pour gérer la problématique du dollar fort) et des accords du Louvre de 1987 (pour gérer la problématique du dollar faible). La seconde période a mis en place une parité autour des 1250 $, avec des variations allant entre 1150 et 1350 $ l’once.

L’instauration de ces parités de 350 $ et de 1250 $ l’once a été faite à l’aide des moyens les plus maladroits et rudimentaires qui soient. Pourtant, ça a marché. La première parité a engendré le boom économique de 1982-2000. Le second a permis de mettre en sourdine les plaintes concernant la stabilité monétaire, ainsi qu’obtenir des performances économiques plutôt saines. Les banques centrales se sont engagées dans d’autres sortes de manipulations macro-économiques (des taux négatifs !) à une échelle jamais vue. Ils ont probablement martyrisé à la grosse artillerie le marché de l’or. Mais cela a marché : en termes de valeur de leur devise, les banques centrales ont largement réussi à atteindre leur objectif de stabilité monétaire. (…)

Le standard or est simple, cela fait des siècles que l’humanité l’utilise. En quelque sorte, nous l’utilisons encore aujourd’hui. Rien ne sert de rendre compliqué quelque chose qui ne l’est pas.

Source : Forbes