Les économies majeures du monde semblent toutes souhaiter une devise plus faible alors que la croissance est en danger. Ce qui signifie qu’affaiblir sa devise, que ce soit le dollar, l’euro ou une autre monnaie majeure, sera difficile.

Le président Trump a, de façon répétée, exhorté la FED à baisser les taux. Il s’est également plaint de la vigueur du dollar. Mais il n’est pas le seul. Si cela ne concerne pas explicitement les taux de change, la BCE se prépare à être plus accommodante, ce qui pèsera sur la devise unique.

Le gouverneur de la Banque du Japon Kuroda a déclaré que son institution « allait poursuivre de façon persistante ses politiques fortement accommodantes » afin de doper l’inflation. En Chine, la banque centrale envisage elle aussi d’augmenter ses stimulations afin de relancer la croissance.

En raison de ces politiques synchronisées, les mesures risquent de s’annuler les unes les autres, si bien qu’elles seront inutiles.

« Tout le monde semble vouloir faire la même chose », a déclaré Charles Diebel , responsable des revenus fixes chez Mediolanum Asset Management.

Des airs de 2010

Malgré la posture de plus en plus accommodante de la FED, le billet vert s’est apprécié par rapport à la plupart des devises majeures durant ce trimestre. La Banque de Corée a notamment surpris les marchés avec une baisse de son taux directeur la semaine dernière, mais l’affaiblissement du won fut de courte durée. Malgré que la Banque de Suisse répète sans cesse qu’elle dispose de marges de manœuvre, le franc continue d’être en pleine forme par rapport à l’Europe.

Bienvenue dans une nouvelle course vers le fond. En 2010, lorsque la plupart des banques centrales créaient de la monnaie et baissaient les taux, le ministre des Finances brésilien de l’époque, Mantega, avait parlé de guerre des devises. La différence est qu’à l’époque, c’est le dollar qui baissait. Les autres pays tentaient donc de corriger la situation.

Aujourd’hui, le dollar est l’une des devises les plus surévaluées des pays du G10, d’après le modèle de la BRI basé sur les taux de change réels effectifs.

La volonté des décideurs d’agir afin de doper l’activité est compréhensible. Le FMI ne cesse de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2019, la dernière révision en date a eu lieu ce mardi, alors que les tensions commerciales et géopolitiques menacent l’économie mondiale. Des banques centrales majeures, telles que celles de Suisse et d’Australie, restent fidèles à leur politique des taux bas.

Difficultés monétaires

« Si les États-Unis souhaitent un dollar faible maintenant, ils vont avoir du mal à atteindre leur objectif s’ils recourent uniquement à des politiques monétaires », a déclaré Kit Juckes, stratégiste de Société Générale. « Les politiques de la FED ne sont plus le facteur qui influence le plus la valeur du dollar, c’est la croissance. Une baisse des taux américains ne va pas pousser l’euro à la hausse si les perspectives de croissance en zone euro sont faibles. »

Source : Yahoo Finance