Appelez cela la « dédollarisation en catimini », ou en douce… peu importe le terme, le mécanisme utilisé par les Chinois est purement génial. Voici comment cela marche.

Vendre une partie des obligations qui composent son énorme portefeuille de Treasuries n’est pas la seule façon dont la Chine peut se « débarrasser de ses dollars ». Voici une explication brute, sans jeu de mots, de la méthode intelligente utilisée par la Chine pour écouler ses billets verts.

C’est dans l’intérêt de la Chine d’accorder des prêts en dollars avec ses excédents. Comme vous pouvez le voir sur cette couverture du journal angolais Expansao, chaque citoyen de ce pays doit 754 $ à la Chine.

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Voici quelques explications d’un article de Quartz Media :

« Le journal angolais Expansao a publié une première page intrigante cette semaine. Elle affirmait que chaque Angolais doit 745 $ à la Chine. Cette une indique également des dettes dues à d’autres pays, mais le montant dû à la Chine est 7 fois supérieur à celui dû au second créditeur, Israël. D’après les estimations, l’Angola doit 25 milliards de dollars à la Chine. Depuis la restauration de leurs relations bilatérales en 1983, l’Angola a contracté pour 60 milliards de dollars de crédits à l’empire du Milieu.

Le problème pour l’Angola n’est pas qu’il emprunte beaucoup d’argent à la Chine. La nature de cette dette est aussi problématique. En tant que second producteur de pétrole d’Afrique, l’Angola s’est accordé avec la Chine pour que le remboursement de cette dette se fasse en pétrole au lieu de vendre celui-ci sur le marché et de rembourser en dollars. Cela a provoqué une crise des liquidités dans un passé récent, ainsi que des poussées d’inflation.

Dans le même ordre d’idée, à la fin du premier trimestre de 2018, la Chine représentait environ 55 % de la dette extérieure du Kenya. Il s’agit d’une quote-part remarquable pour une simple nation, par exemple par rapport à une organisation comme la Banque Mondiale. Cela a lieu alors que le Kenya est devenu la dernière nation africaine à rejoindre la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, créée par la Chine. La hausse de la popularité de cette institution multilatérale en Afrique a mené à l’émergence de la Chine en tant que créditeur préféré sur ce continent, en faisant ainsi de l’ombre à la banque mondiale. »

C’est Luke Gromen, le fondateur de Forest for the Trees, qui a identifié cette méthode ingénieuse de dédollarisation. Il a écrit dans un tweet :

« L’Angola rembourse sa dette de 25 milliards de dollars à la Chine en pétrole » = vous prenez des dollars, vous les prêtez à l’Angola, vous êtes remboursé en pétrole que vous consommez ou que vous revendez en yuans, et voilà, vous avez converti vos dollars en yuans. »

Autrement dit, la Chine achète du pétrole + reçoit des intérêts en brut avec du dollar via des crédits internationaux. Dit encore autrement, cela signifie que la Chine se débarrasse de ses dollars en les prêtant et en se faisant rembourser avec autre chose.

Mais l’Angola n’est qu’un simple exemple. Avec combien d’autres nations ce dispositif est-il utilisé ? Cela pourrait-il aussi être le cas avec le Nigéria ou Djibouti ? Ou d’autre pays plus significatifs sur l’échiquier commercial mondial ? (…)

Article de SilverDoctors.com, publié le 15 mai 2018