Le secteur bancaire italien malade, dans un pays lourdement endetté, la situation budgétaire des États-Unis qui se détériore rapidement et des marchés émergents qui ne sont plus bon marché alors que leurs valorisations sont à leur plus haut depuis 2010 : tels sont les 3 éléphants qui se baladent dans le magasin de porcelaine du système financier, d’après cet article de Nicholas Spiro publié sur le site du South China Morning Post :

« Depuis la fin des pourparlers le 19 novembre qui visaient à former une coalition à 3 en Allemagne, la monnaie unique a progressé de 1,4 % supplémentaire par rapport au dollar, faisant grimper sa hausse par rapport au billet vert à un incroyable 12 % depuis avril.

Les marchés actions de la zone euro, de leur côté, ont progressé de plus de 4 % durant les 3 derniers mois, dopés par des perspectives de croissance plus roses par rapport aux 6 dernières années.

Pourtant, dans leur enthousiasme pour les actifs européens, les investisseurs ignorent l’un des 3 éléphants qui se promènent dans le magasin de porcelaine du système financier : la vulnérabilité persistante du secteur bancaire de la zone euro.

Mercredi dernier, la BCE a publié son dernier rapport sur la stabilité financière, qui avertit que les institutions bancaires du bloc sont « plus risquées que leurs pairs mondiaux », en particulier à cause des « progrès lents accomplis pour régler le problème des ratios de crédits non-performants dans certaines juridictions ».

Le pays qui tracasse le plus la BCE est l’Italie, qui représente environ 1/3 du trillion d’euros de créances douteuses du bloc. Signe que les problèmes bancaires sont sévères en Europe, le durcissement des règles de la BCE concernant les provisions à constituer pour les nouveaux crédits, qui pourraient être adoptées l’année prochaine, est combattu férocement par Rome.

Cette querelle entre l’Italie et la BCE entrave non seulement la nécessité impérative de nettoyer le secteur bancaire européen mais elle suggère également que l’Italie, qui tiendra au printemps prochain les élections générales les plus importantes des économies majeures, sera probablement le point de départ de nouveaux remous financiers au sein de la zone euro.

Deutsche Bank a écrit que les difficultés du secteur banquier italien, couplées à la dette importante du pays et à la montée du populisme, composent « les ingrédients d’une potentielle crise financière (mondiale) ».

Le second éléphant dans le magasin, ce sont les États-Unis et leur situation budgétaire qui se détériore rapidement. Un Congrès qui souhaite baisser massivement l’impôt sur le bénéfice des entreprises (à 20 %) alors que les États-Unis connaissent la 3e période d’expansion économique la plus longue de leur histoire depuis 1850, un taux de chômage très bas et, plus important encore, une dette nationale qui atteint un niveau alarmant de 107 % du PIB (contre seulement 73 % 2008), d’après le FMI, est très préoccupant.

Mercredi dernier, Janet Yellen, qui ne sera bientôt plus à la tête de la FED, a déclaré qu’elle était «très inquiète à propos de la viabilité de la trajectoire de la dette américaine». Elle a toutes les raisons de l’être. (…)

Non seulement la baisse massive de l’impôt sur le bénéfice va peser lourd sur une dette publique déjà branlante mais l’effet inflationniste de cette mesure pourrait également pousser la FED à relever ses taux plus rapidement que prévu, ce qui renforcera le dollar et provoquera un resserrement des conditions financières.

Ceci est lié au 3e éléphant : les marchés émergents ne sont plus bon marché. L’index MSCI a grimpé de près de 30 % cette année, il s’agit de l’indicateur clé de la santé des marchés actions des pays en voie de développement. D’après Bloomberg, leurs valorisations ont atteint un plus haut depuis 2010. (…)

Mais plus inquiétant encore, l’écart de taux entre les obligations corporate des marchés émergents est proche de son plus bas historique. (…) Si le dollar devait entamer un nouveau marché haussier (le dollar index a chuté de 10 % cette année), les marchés émergents paraîtront encore plus chers pour courir ensuite le risque d’une correction majeure. (…) »