Depuis quelques années, Stewart Thomson martèle que l’or est en train de regagner sa place parmi les actifs les plus respectés des gestionnaires occidentaux. Ces derniers mois semblaient lui donner raison. Mais lorsqu’on apprend que Berkshire Hathaway a acheté pour environ 500 millions de dollars d’actions de Barrick Gold (GOLD), cela résonne comme un triomphe. Pourquoi ? Parce que cela fait 20 ans que Buffett raille le métal jaune.

Berkshire vend les bancaires, achète une minière

Après chaque trimestre, les fonds de plus de 100 millions de dollars doivent enregistrer dans les 45 jours une déclaration auprès de la SEC via le formulaire 13F. Ce formulaire liste tous les actifs sous gestion. Cette information étant publique, elle permet de prendre connaissance des changements de positions des hedge funds, sociétés d’investissement, etc.

L’allocation d’actifs de Berkshire Hathaway est suivie de près. La dernière déclaration 13F a montré que Berkshire a vendu toutes ses actions du secteur aérien. Mais aussi vendu énormément de bancaires (notamment toutes ses actions Goldman Sachs, ou encore réduit sa position JP Morgan de 62 %). Rayon investissements, l’Oracle d’Ohama a quelque peu renforcé ses positions dans la société de distribution Kroger, dans Store Cap et Suncor Energy. Il n’a acheté qu’un seul nouveau titre durant le T2 : Barrick Gold, le producteur d’or numéro 2 de la planète derrière Newmont.

Trois personnes chez Berkshire prennent les décisions d’investissement. Todd Combs, Ted Weschler et Warren Buffett himself. On ignore qui a pris cette décision, mais les faits sont là : la société de l’un des investisseurs les plus célèbres de la planète abandonne les banques américaines en faveur d’une minière or. D’où la question de Zero Hedge : Buffett est-il en train de parier contre l’Amérique ? Pour rappel, les actions minières offrent une position à effet de levier sur le prix de l’or.

C’est d’autant plus étonnant que Buffett n’en ratait jamais une pour critiquer le métal jaune. En 1998, il avait notamment déclaré :

« On extrait l’or du sol, en Afrique ou ailleurs. On le fond, on creuse ensuite un autre trou pour l’enterrer à nouveau, puis on paye des gens pour le garder. Il n’a pas d’utilité. S’il y a des extraterrestres qui nous regardent, ils doivent se gratter la tête. »

En 2018, il avait comparé le rendement de l’or et des actions depuis 1942 pour dénigrer le métal jaune (en utilisant de façon fallacieuse le S&P 500, alors que les paniers d’actions ne furent inventés que des décennies plus tard).

Il s’agit donc d’une nouvelle qui fait énormément de bruit. Elle n’est pas sans faire écho à l‘article du New York Times que nous avons traduit récemment. Son auteur explique comment, à son grand dam, on n’a pas d’autre choix que d’être une gold bug aujurd’hui. Il serait surprenant que Warren Buffett soit aussi candide dans ses explications. Mais au final, peu importe : les faits sont plus importants que les mots.

Papa Buffett, un grand partisan du standard or

Pour l’anecdote, le père de Warren, Howard Buffett, était un grand partisan du standard or. En 1947, il rédigea un essai en faveur du standard or. Mais surtout, il prédisait l’effondrement des devises papier en raison de politiciens de tous bords incapables d’équilibrer leur budget. Tout en prévenant des dangers pernicieux posés par l’argent papier en termes de liberté, de prospérité et de sécurité (guerres).