Après un marché haussier long de 9 ans, les bears sont sortis de leur état d’hibernation. Déterminés, ils prédisent un krach boursier dans un futur proche, même si un sondage de Bank of America affirme que moins de 20 % des gestionnaires pensent que nous allons tout droit vers une catastrophe.

En effet, la polarisation entre les bulls et les bears est presque aussi forte que la polarisation politique en ce moment. Prédire ce qu’il adviendra du Dow Jones requiert plus que jamais une boule de cristal pour ceux qui veulent se risquer dans de telles supputations.

Voici comment l’indice industriel américain s’est comporté durant ces 5 derniers jours, ainsi que durant le dernier mois.

Warren Buffett dirait que tout ceci est parfaitement normal, qu’investir sur les marchés actions signifie investir à long terme dans l’économie américaine et qu’il y aura toujours des zones de turbulences à traverser à un moment ou à un autre.

Le sondage de Bank of America Merrill Lynch tend à prouver que la majorité partage cette opinion, qu’il n’y a pas vraiment de signes de capitulation.

À l’échelle mondiale, les gestionnaires continuent d’injecter des liquidités dans le marché. Mais, jusqu’à présent, Bank of America affirme que les bulls ont été calmés, sans avoir été mis en déroute pour autant. Il s’agirait donc d’un moment opportun pour des achats contrariens.

Mais certains bears, et non des moindres, ne partagent pas cette opinion.

David Stockman, un ancien banquier d’investissement de Salomon Brothers et directeur du budget de l’administration Reagan, affirme qu’un scénario du pire est imminent. Dans le Times, il a prédit une « catastrophe monétaire et fiscale de proportions bibliques ».

On retrouve dans sa liste de décisions catastrophiques la réforme fiscale qui va propulser le déficit fédéral américain au-delà du trillion de dollars. Le détricotage du QE et ses ventes obligataires en font également partie. La vente des obligations débouchera sur une augmentation massive des taux qui secouera les marchés, malgré le déni actuel de la majorité.

Dans un même ordre d’idées, le PDG de Guggenheim Partners, Scott Minerd, anticipe une catastrophe dès l’année prochaine en raison de stimulations fiscales initiées alors que l’économie est proche du plein-emploi. Ce contexte pourrait obliger la FED à devenir encore plus agressive avec sa politique de relèvement des taux. Tandis que la Banque centrale américaine semble vouloir s’en tenir à ses plans en ce qui concerne les taux, Minerd s’attend à un 4e relèvement additionnel en 2018, ainsi qu’à 4 hausses en 2019.

Le gestionnaire de hedge fund Paul Tudor Jones, un autre bear célèbre qui a notamment prédit le krach de 1987, anticipe lui aussi un effondrement boursier dès 2019. Il a déclaré : « Nous sommes en train de développer le bon vieux scénario des bulles financières, qui nous est tant familier. » Qu’est-ce qui effraie Tudor Jones ? À nouveau, la vigueur de l’économie au plein-emploi, qui mène à ce qu’il compare à une « euphorie dangereuse ».

Ray Dalio de Bridgewater Associates, qui est tout simplement le plus gros hedge fund du monde, est notre dernier pessimiste. Il prédit quant à lui un krach boursier en 2020. Il qualifie la période que nous traversons actuellement de « pré-bulle ». Il évalue à 70 % les chances de récession avant la prochaine élection présidentielle américaine.

L’investisseur contrarien John Hussman, de Hussman Investment Trust, est moins catégorique en ce qui concerne ce qui apparaît dans sa boule de cristal. Il ne donne pas de date quant au prochain krach boursier. Mais si la bulle devait éclater, il pense que la correction devrait s’élever à environ 60 % alors que les valorisations des actions sont beaucoup trop élevées, comme ce fut le cas avant l’éclatement de la bulle Internet.

Article de David Craggen, publié le 7 mai 2018 sur SafeHaven.com