Fin juillet, nous vous annoncions dans un article que la BCE ne voit plus l’intérêt de coordonner les ventes d’or des banques centrales. Cet article de Jeff Clarke analyse plus en profondeur les raisons et les conséquences de cette décision pour le futur du cours de l’or :

« La nouvelle est passée discrètement vu la couverture quasi inexistante des médias dominants. Pourtant, elle indique que des entités susceptibles d’accumuler beaucoup d’or voient un besoin grandissant d’en acheter.

Cela signifie qu’elles vont continuer d’en acquérir, et que ces achats fourniront à long terme un support important pour le métal jaune.

La fin de l’accord formel sur les avoirs en or

21 banques centrales, la plupart européennes, étaient signataires de l’accord formel sur les avoirs en or. Lorsque l’accord fut passé en 1999, l’objectif était « d’équilibrer » les conditions du marché de l’or en, notamment, coordonnant les ventes d’or des signataires.

Jusqu’en 1999, l’or était dans un marché baissier long de 2 décennies. Durant cette période, les banques centrales vendirent beaucoup de lingots. L’idée derrière l’accord était d’éviter de voir le prix de l’or plonger trop rapidement, ce qui aurait fait chuter la valeur des réserves des banques centrales. Un plafond de ventes fut donc fixé (global et individuel).

Cet accord fut renouvelé à 3 reprises : en 2004, en 2009 et en 2014. Le dernier accord expire aujourd’hui, le 26 septembre. Et comme nous le savons, il ne sera pas renouvelé. L’explication est simple, et se trouve sur le graphique ci-dessous : les banques centrales ne vendent plus leur or.

ventes d'or cbga

Comme vous pouvez le voir, depuis la crise de 2008 les ventes sont devenues insignifiantes. Et rien ne devrait changer à l’avenir. Le communiqué de la BCE l’a même écrit noir sur blanc : « Aucune des banques signataires n’a actuellement l’intention de vendre des quantités significatives d’or. »

Et comme vous le savez, au lieu d’être vendeuses, les banques centrales sont désormais à l’achat. Voici un graphique très instructif qui met en exergue cette nouvelle tendance globale :

réserves d'or mondiales des banques centrales

Durant les 11 dernières années, les réserves globales d’or des banques centrales ont augmenté chaque année, sans exception. De plus, 2019 est bien partie pour être une année record.

Ce changement est une conséquence des règles de Bâle 3, qui sont entrées en vigueur le 29 mars 2019. Aujourd’hui, l’or est considéré comme un actif de tiers 1 (autrement dit sans risque). Désormais, la BRI place le métal jaune de la même catégorie que les devises. Auparavant, le métal jaune était un actif de tiers 3, ce qui signifie que sa valeur était comptabilisée à 50 %.

Les achats d’or frénétiques de la Chine et de la Russie

Les 2 plus gros acheteurs d’or en termes de volumes purs sont la Chine et la Russie. Voyez plutôt :

L’or représente aujourd’hui 20 % des réserves de change de la Russie. Pour la Chine, ce chiffre n’est que de 3 %. Ces 2 pays ont des raisons d’acheter de l’or. La Russie pour échapper aux sanctions, la Chine en raison de son litige commercial avec les États-Unis, ainsi que la guerre des devises qui fait rage. Peu importe la raison, le motif sous-jacent est le même : diversifier ses réserves avec un actif sûr sans risque de contrepartie. (…)

Les banques centrales sont avec les investisseurs dans l’or

En bref, la conclusion de tout ceci est que le temps des ventes d’or des banques centrales est révolu. Les ventes d’or ne sont plus coordonnées vu qu’il n’y en a plus, le métal est désormais un actif de tiers 1 et les banques centrales en achètent de grandes quantités. Non seulement vous pouvez acheter de l’or pour protéger votre pouvoir d’achat, mais éventuellement engranger des profits substantiels à l’avenir.