Cela pourrait être énorme. Cela ferait de l’augmentation des droits de douane sur l’acier et l’aluminium de la petite bière.

Si c’est vrai – la fuite provient du Nikkei Asian Review qui cite une « source bien connectée dans le commerce international », il n’y a rien d’officiel du côté de la Maison-Blanche –, cela va remettre de l’huile sur le feu du brasier que sont les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Au final, cela pourrait faire du dossier de l’acier et de l’aluminium un pique-nique.

Pour punir la Chine de ses infractions aux lois sur la propriété intellectuelle, ainsi que pour sanctionner les règles d’investissement en Chine qui imposent le transfert de la technologie sous-jacente pour avoir accès au marché chinois, l’administration Trump envisage d’adopter une proposition de l’Office of the US Trade Representative (USTR) qui prévoit :

  • Des droits de douane sur toute une série de produits chinois, dont des produits technologiques et des biens de grande consommation comme l’habillement ;
  • Des restrictions d’investissements aux États-Unis pour les sociétés chinoises. Nous avons déjà vu la partie visible de l’iceberg avec l’ordre d’hier de Trump, qui a bloqué toute prise de contrôle chinoise de grandes sociétés technologiques américaines ;
  • Des restrictions dans l’attribution de visas pour certains ressortissants chinois.

L’USTR encourage également les alliés américains, dont le Japon, à prendre des mesures similaires afin de synchroniser les politiques, d’après cette source citée par le Nikkei Asian Review.

L’Allemagne, le Japon et d’autres pays fulminent depuis longtemps à propos des transferts technologiques de leurs entreprises à leurs partenaires chinois. Simultanément, les sociétés chinoises, souvent publiques, ont multiplié leurs acquisitions en Allemagne. Elles ciblent particulièrement les entreprises actives dans le secteur de la robotique et le high-tech en général, ce qui a levé un cas de conscience dans le monde des affaires allemand. Selon le Nikkei Asian Review, le Japon s’oppose également de longue date aux pratiques de la Chine en ce qui concerne la propriété intellectuelle. L’USTR souhaite que cela change. (…)

Trump s’est engagé à s’attaquer aux causes de l’énorme déficit commercial américain. Aucun autre pays que la Chine ne pèse plus dans ce déséquilibre :

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Rien qu’en ce qui concerne les biens, le déficit commercial américain s’est élevé à 796 milliards en 2017. La Chine représente 342 milliards de ce trou. La Chine exporte 3 fois plus de biens qu’elle en importe des États-Unis.

Si l’USTR a tenté de convaincre des alliés, le gouvernement japonais aurait déjà décliné l’invitation, affirmant qu’une telle mesure serait difficile à appliquer vu que le Japon n’a pas de mécanisme similaire à l’article 301 (note : un article de l’US Trade Act de 1974 qui protège la propriété intellectuelle, l’innovation et le développement technologique). Le Japon préférerait une action auprès de l’OMC. Il faut dire que le Japon n’a aujourd’hui aucun intérêt à s’engager dans une confrontation avec la Chine vu que son déficit commercial avec ce pays est négligeable, ou même positif parfois.

L’invocation de l’article 301 par l’administration Trump a courroucé les Chinois. En février, Pékin a envoyé à Washington l’un de ses diplomates de haut vol, Yang Jiechi, pour tenter d’apaiser les esprits. Sans résultat. Début mars, ce fut au tour du premier conseiller économique du président Xi Jinping d’être envoyé aux États-Unis pour les mêmes raisons.

Mais cette tentative était vaine dès le départ. La Chine avait même dans l’intention d’envoyer une délégation de 40 personnes, mais les États-Unis ont refusé. Elle fut réduite à 10 négociateurs.

Liu s’est entretenu avec le secrétaire du Trésor Steven Mnuchin, le représentant du Commerce américain Robert Lighthizer ainsi que l’ex-conseiller économique de la Maison-Blanche Gary Cohn. Liu a annoncé l’intention de son pays de réduire son surplus commercial avec les États-Unis. D’après le SCMP, les médias publics chinois ont qualifié la mission de Liu de positive.

Mais le 7 mars, après le retour au pays de la délégation chinoise, Trump a tweeté : « Les USA agissent promptement en ce qui concerne le vol de la propriété intellectuelle. Nous ne pouvons pas tolérer que cela dure pendant des années encore ! » Cela semble suggérer que les recommandations de l’USTR sont en bonne voie d’être adoptées. Le remède de cheval proposé et les chances que Trump le valide pourraient peut-être expliquer pourquoi Cohn a vraiment démissionné, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium semblant ne pas viser les bonnes cibles.

Source : article de Wolff Richter, publié le 13 mars 2018 sur WolfStreet.com