Selon Jim Rickards (cet article synthétise le sien), la guerre des devises a démarré en 2010 avec la dévaluation du yuan. Jusqu’en 2015, les grands blocs économiques ont profité tour à tour de dévaluations ordonnées, le gagnant d’hier devenant le perdant de demain, jusqu’à ce que la Chine décide de dévaluer sans consulter ses partenaires. Au dernier G20, un nouvel accord a été trouvé pour remettre de l’ordre alors que la dévaluation du yuan avait fait tanguer les marchés.

Jouer sur la dévaluation pour faire repartir une économie, c’est en quelque sorte jouer au jeu des chaises musicales, à la différence que dans cette « version monétaire » il n’y a qu’une chaise sur laquelle s’asseoir lorsque la musique s’arrête.

En 2010, lorsque la Chine a dévalué, son économie a connu une embellie. Selon le principe des vases communicants, la situation économique américaine s’est détériorée. Les États-Unis avaient besoin d’augmenter leurs exportations, d’améliorer l’emploi dans la foulée, en affaiblissant le dollar. Cette dévaluation comporte aussi l’avantage de faire grimper les prix des produits importés, donc de générer de l’inflation. Lorsque vous êtes incapable de créer de la croissance organique, vous dévaluez.

Mais comme l’analogie des chaises musicales le montre, il est impossible que tout le monde profite de la dévaluation en même temps. Les nations doivent donc attendre leur tour. La Chine a pris le sien en 2010, les États-Unis en 2011 (le dollar a atteint un plus bas historique en août 2011, tandis que la croissance du T4 de cette année fut de 4,6 %). Tout allait mieux aux États-Unis, ce qui signifie qu’un autre membre du club souffrait, à savoir le Japon.

En 2012, ce fut donc au tour du Japon de dévaluer avec la mise en place des fameux Abenomics. Le yen chuta rapidement : de 90, il en fallait désormais 124 pour acheter un dollar. L’économie japonaise est donc repartie de l’avant en 2013, tout comme lorsque le dollar faible avait dopé les États-Unis en 2011.

Pendant ces 3 années, l’économie européenne a souffert. En plus de la crise grecque, l’Europe a connu 2 récessions durant cette période. Il fallait donc affaiblir l’euro en 2014, ce qui s’est fait en 2 étapes :

Taux d’intérêt négatifs en juin 2014
QE européen en janvier 2015

Les effets n’ont pas tardé, l’euro tombant à 1,05 $ en janvier 2015 pour ensuite s’approcher de cette limite à plusieurs reprises depuis. Comme durant les autres dévaluations, l’économie européenne a connu un moment de répit. Après l’été 2015, on ne parlait plus de la crise grecque. Ce petit historique montre que les dévaluations entre 2010 et 2015 ont eu lieu de façon ordonnée.

Eté 2015 : La Chine dévalue sans consultation

La guerre des devises avait lieu entre les 5 familles, mais dans le respect. C’est comme ça que cela se passe dans la mafia en temps de paix. L’entente est bonne, même si la méfiance ne disparaît jamais.

Cependant, durant l’été 2015, une nouvelle guerre éclatait parmi ces 5 familles. La Chine, en voyou, décida de dévaluer sans consulter les autres. Le 11 août, la valeur du yuan chuta de 3 % en un jour. Après quoi les marchés américains plongèrent.

La Fed fit immédiatement marche arrière concernant le relèvement de ses taux, ce qui permit aux marchés actions de repartir à la hausse.

La même chose eut lieu entre décembre 2015 et janvier 2016. Cette fois, la Fed releva son taux directeur de 0,25 % le 16 décembre 2015. La Chine a alors utilisé cette couverture pour dévaluer de nouveau le yuan. Non pas d’un coup, mais en douceur, jour après jour. Les marché ont immédiatement vu ce qui se tramait pour anticiper des dévaluations à venir. Les marchés américains chutèrent à nouveau suite à cette dévaluation, connaissant leur pire début d’année en janvier 2016.

La Fed vola à nouveau à leur rescousse avec toute une série de déclarations accommodantes et le statu quo des taux en mars. Les marchés purent ensuite repartir à la hausse.

Mais il fallait trouver une solution. C’est ce qui a été fait à l’occasion du dernier G20. C’est à Shanghai que  la dévaluation du dollar a été décidée, le statu quo en Chine (adossement de la valeur du yen à celle du dollar) et l’appréciation du yen et de l’euro. Pour la Chine, elle retire tout de même un avantage de cet accord vu qu’un euro et un yen plus forts lui sont favorables. Le yen baisse en même temps que le dollar, ce qui ne l’handicape pas dans ses échanges avec les USA. Voilà l’essence des accords de Shanghai.

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