Les perspectives économiques de la FED sont plus incertaines que pessimistes. Elles ouvrent la porte à de nombreux scénarios contradictoires, d’une reprise laborieuse à un rebond important. Si tout cela fait furieusement penser aux comportements récents des marchés, cela n’est probablement pas fortuit.

Suite à une réunion de 2 jours, la FED a publié un rapport (SEP) concernant ses projections économiques en termes de PIB, de chômage, d’inflation et de taux. Ce rapport évoque la récession sans précédent qui a lieu, ainsi que de nombreux scénarios de croissance pour les 3 années à venir.

Plus spécifiquement sur le PIB, qui mesure la quantité de produits et de services générés par une économie et qui sert d’étalon de la croissance, les prévisions pour les 3 années à venir mettent en exergue d’énormes disparités d’opinions entre les 17 membres du Comité de la FED.

Pour 2020, la prévision médiane voit une baisse du PIB de 6,5 %. Cette moyenne a été obtenue sur base de prédictions faisant état d’une baisse de la croissance allant de 4,2 à 10 %. La différence est encore plus prononcée pour 2021. Le consensus prévoit une croissance de 5 %. Mais celle-ci est le fruit de prévisions allant de -1 % à 7 %.

Pour illustrer à quel point il ne s’agit pas d’un écart, mais d’un fossé, 7 % seraient la plus forte croissance depuis 1984, alors que -1 % correspondrait à la poursuite de la récession démarrée en février 2020.

Les perspectives concernant le chômage et l’inflation montrent également de grandes disparités d’opinion entre les différents membres du Comité de la FED. De tels écarts quant aux attentes concernant le futur semblent déteindre sur les marchés financiers. Et particulièrement sur les marchés actions, qui ont connu jeudi dernier leur pire baisse quotidienne depuis le mois de mars .

« Ils ont été plutôt honnêtes et directs à propos des niveaux élevés d’incertitudes qui planent sur les progrès de l’économie, ce qui est bien », a déclaré Cathy Jones, responsable des investissements à revenu fixe de Charles Schwab alors qu’elle commentait le rapport. « Nous savons tous que le second trimestre sera le pire, qu’après les choses s’amélioreront, et le marché tente de valoriser cela, a-t-elle ajouté. Mais je pense que les marchés ont exagéré. »

Powell admet les niveaux élevés d’incertitudes

En effet, le président de la FED Jerome Powell insiste sur le fait que malgré les mesures d’urgence prises par la banque centrale et le Congrès, la vigueur de la reprise dépendra largement de la trajectoire prise par le coronavirus.

Powell a même noté à la fin de cette réunion que ces prévisions doivent être prises avec des pincettes. Il y a tellement d’inconnues que la FED avait préféré ne pas fournir ces chiffres à l’occasion de sa réunion de mars. Cette fois-ci, le Comité n’a pas fait l’impasse, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas énormément de points d’interrogation concernant le futur.

« Vu le degré inhabituellement élevé d’incertitudes qui planent sur ces perspectives, de nombreux participants ont relevé que de nombreux scénarios sont possibles pour l’économie, et qu’il est impossible d’identifier avec assurance un scénario plus plausible qu’un autre », a-t-il déclaré ce mercredi, tout en précisant que ces prévisions « établissent une liste fournie de scénarios possibles, sans faire de prévisions ».

Le président Trump s’est mêlé au débat jeudi, en affirmant que la FED a souvent tort, même si l’un de ses scénarios pour 2021 propose la croissance la plus forte depuis Ronald Reagan.

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