Hier, les marchés mondiaux ont tangué alors que les investisseurs fuyaient le risque en raison des craintes de contagion de la crise immobilière chinoise initiée par Evergrande. L’or fut l’un des rares actifs à terminer la journée dans le vert. Voici l’analyse de la situation de James Turk (source).

Les craintes de contagion remettent l’or sous le feu des projecteurs

« Les problèmes du géant chinois de l’immobilier Evergrande occupent le devant de la scène, et à juste titre. Un défaut sur sa dette de 300 milliards de dollars pourrait vraiment faire déraper les marchés. Mais la question est surtout de savoir si ces soucis sont déjà le début d’une nouvelle crise financière, ou s’il s’agit juste d’un premier coup de semonce.

Les signes avant-coureurs furent nombreux avant la crise de 2008. Deux fonds immobiliers de Bear Stearns se sont effondrés en mai 2007, preuve de la fragilité du système à l’époque. Ces faillites furent suivies par l’effondrement de la Northern Rock Bank en Angleterre en août 2007.

Alors que les conditions financières se dégradaient, Bear Stearns est allé au tapis en mars 2008. Mais il faudra encore 6 mois avant que le pic de la crise ne soit atteint avec l’effondrement de Lehman Brothers, en septembre 2008. Ainsi, la crise qui couve pourrait aussi se développer sur plusieurs mois. Ou cela peut commencer dès jeudi si Evergrande fait défaut sur un paiement de 80 milliards de dollars dû ce jour-là.

Une crise de retard

Les crises financières se reproduisent à intervalles réguliers parce que les banques accordent trop de prêts. C’est très facile à faire dans l’environnement actuel de taux d’intérêt presque nuls. Mais nous n’avons plus fait face à une crise grave depuis 2008. Une crise financière nous pend donc au nez.

Avec 300 milliards de dollars de dettes, le problème Evergrande est trop gros pour avoir un impact localisé. Mais il ne s’agit peut-être pas d’un effondrement de type Lehman parce qu’Evergrande n’est pas une banque. La question est donc de savoir qui a prêté ces 300 milliards de dollars à Evergrande. Ces banques sont-elles surexposées et incapables d’encaisser les pertes en cas d’effondrement d’Evergrande ?

C’est trop tôt pour le dire, car les détails ne sont pas encore connus. Néanmoins, la clé ici est le risque de contrepartie. C’est sur ce point que les investisseurs devraient se focaliser. Si un défaut se produit, cela pourrait rapidement faire boule de neige en raison de la façon dont les banques sont si étroitement interconnectées.

La surprise et le paroxysme d’une crise se manifestent lorsque la crise impacte les actifs considérés comme sûrs. Mais les seuls actifs véritablement sûrs qui évitent le risque de contrepartie en cas de crise financière sont tangibles. Les terres, l’immobilier et, bien sûr, l’or et l’argent physique existeront toujours, peu importe ce qui arrive aux banques et à la monnaie fiduciaire qu’elles émettent. Mais ces autres actifs tangibles n’ont pas la liquidité de l’or et de l’argent, ce qui soulève un point important.

Pour rester solvables, les débiteurs en difficulté vendent ce qu’ils peuvent vendre, ce qui est différent de ce qu’ils veulent vendre. Il est donc possible que l’or et l’argent aient été sous pression récemment en raison des liquidations forcées à cause du problème Evergrande. Dans tous les cas, la chute des prix des métaux précieux arrange également les gouvernements anti-or et les banques centrales, car elle détourne l’attention des problèmes inflationnistes croissants engendrés par la création monétaire des banques centrales.

En cas de crise, les métaux précieux grimpent avec latence

Au fur et à mesure qu’une crise se développe, l’or et l’argent rebondissent, tout comme ce fut le cas en 2008. Le rebond se produit lorsque les gens se concentrent sur la contagion financière et le risque de contrepartie. L’or physique a finalement atteint de nouveaux sommets historiques après l’effondrement de Lehman pour 2 raisons. Les prix plus élevés furent le résultat de la demande pour un actif sûr pour la préservation de son patrimoine sans risque de contrepartie. Deuxièmement, l’or a atteint de nouveaux sommets après la crise de 2008 à cause de toute la création monétaire des banques centrales. Ces 2 raisons sont susceptibles de se produire cette fois aussi.

L’or a de nouveau testé le niveau de support des 1.750 $. Il y a eu quelques incursions furtives en dessous de ce niveau, qui ont poussé son RSI en territoire survendu. Mais à chaque fois, le support s’est maintenu pour les 2 raisons que j’ai mentionnées ci-dessus. Depuis qu’il a dépassé les 1.750 $ en juin 2020, il y a eu, dans la zone des 1.750 $, de gros achats de métal physique visant à se protéger du risque de contrepartie et de la perte du pouvoir d’achat de l’argent papier. »