Extraits de l’interview d’Andrew Maguire du 31 octobre 2015 de KWN, amputée des passages les plus techniques :

« Beaucoup de choses se passent dans les coulisses des marchés de l’or et de l’argent. Si vous vous souvenez, j’avais prédit que les métaux précieux finiraient l’année en force et je n’ai pas changé mon opinion d’un iota.

D’après les données de l’intérêt ouvert du COT (Commitment of Traders), on peut voir que l’or se trouve actuellement dans une position négative comme ce fut le cas en janvier. Beaucoup ont fortement insisté sur ce point. Cependant, il y a de grosses différences entre les 2 situations. Cette fois, les possibilités de baisse sont limitées par la période (la demande pour l’or est habituellement élevée durant le dernier trimestre de l’année), l’offre physique ténue, la demande à la hausse sur le marché en gros, la Fed qui est coincée, le QE de la BCE ainsi que les craintes concernant de nouvelles baisses de taux en Chine.

Mais le facteur le plus important se passe dans les coulisses, à savoir la scission entre les 2 banques de lingots principale (qui ont des coffres ici à Londres) et le reste de la cabale des banques de lingots. Cet événement va sans conteste changer les règles du jeu alors que des fissures apparaissent dans cette collusion vieille de 30 ans.

J’ai entendu des rumeurs crédibles concernant ce divorce depuis la mi-juin, mais la conférence du LBMA de la semaine dernière a exposé ces fissures dans leur volonté de poursuivre cette collaboration. Afin d’évaluer l’impact immédiat de ce divorce, il est bon de remonter à l’histoire de cette cabale et à ses mécanismes pour ensuite analyser comment ces défections dans leur rang vont remettre en question les opérations orchestrées de rinçage auxquelles nous étions habitués.

Historique de la manipulations de l’or

La cabale de l’or est née sous les auspices de Robert Rubin, patron de la division or de Goldman Sachs dans les années 80. C’est à cette époque que le carry trade sur l’or est né.  Vu les gros différentiels d’intérêt entre l’or et les Treasuries à l’époque, il s’agissait d’une occasion rêvée pour les banques centrales occidentales désireuses de contenir l’or face au dollar tout en empochant les bénéfices de la vente de tranches importantes de l’or loué. C’est ce qui a créé les marchés synthétiques tels que nous les connaissons aujourd’hui. Cette subsidiation des grandes banques centrales a donné le feu vert aux banques de lingots et aux banques centrales pour investir dans des milliards de dollars d’or papier, sur des positions qu’ils pensaient ne jamais devoir fermer.

Les banques de lingots primaires, agissant en tant qu’agent des banques centrales à qui on avait donné l’autorisation de détenir d’énormes positions nues d’or papier sur de longues périodes, s’habituèrent à exploiter les avantages de la situation. Elles ont alors accumulé des positions nues short qu’elles pensaient pouvoir faire rouler indéfiniment. Cette situation a créé un système de réserve fractionnaire or/argent similaire au système bancaire, dans lequel on estime que moins de 10 % des épargnants reverraient leur argent s’ils retiraient tous leurs économies en même temps.

Il y a aussi les comptes or non alloués, censés être des investissements liquides mais qui ne donnent pas droit à la livraison du métal. Les banques de lingots qui gèrent ces positions ont une posture encore plus agressive que les banques classiques, qui doivent se soumettre à certaines règles. Ces comptes or non alloués ont été examinés de façon indépendante par la banque centrale indienne. Elle a observé un leverage de 92/1, soit bien plus que les 10 % de liquidités détenues par les banques où vous déposez votre argent.

En analysant les rapports COT sur plusieurs années, les preuves sont facilement identifiables. Et quand on recoupe ses preuves avec les rapports des options et des OCC (options clearing corporations), il est évident que les 2 banques de lingots primaires qui possèdent leurs propres coffres or, à savoir la JP Morgan et HSBC, ont pendant de nombreuses années travaillé main dans la main avec les 4 autres grandes banques de lingots, qui ne possèdent pas de coffres mais qui ont elles aussi le privilège de détenir en compte or auprès de la Banque d’Angleterre.

Cette petite cabale de banques de lingots opérant en tant qu’agents des banques centrales occidentales, avec leur bénédiction et les avantages des initiés, ont travaillé de concert pour se positionner contre toute une série de hedge funds et de spéculateurs faciles à plumer vu qu’ils ne coordonnent pas leurs efforts. La résultante est ce que j’appelle le cycle « lavage et rinçage ».

Mais tout cela va changer

La variable physique de ce petit jeu artificiel est en train de changer la donne. En fait, les marchés physiques ont déjà déménagé pour être hors de portée de ces banques de lingots de mèche. Mais alors que les régulateurs sont enfin forcés d’agir contre les manipulations, on assiste à la disparition des fournisseurs traditionnels de liquidités,  soit des banques qui finançaient les marchés non alloués. En ce moment même, des liquidités critiques quittent le marché des métaux précieux de Londres (Loco London market) : il s’agit d’un événement sans précédent.

C’est à ce niveau que s’opère cette scission. Les 2 grandes banques de lingots qui ont des coffres à Londres sont également les agents primaires des banques centrales. Elles veulent pérenniser l’opacité du marché OTC de l’or en proposant une bourse centralisée.

Goldman Sachs et cie se retournent contre HSBC et JP Morgan, obligées de continuer le jeu

Cependant, les autres banques de lingots réalisent que le marché de l’or a changé. C’est pourquoi certaines vont faire défection afin de se repositionner pour une hausse, ce qu’elles auraient déjà fait si elles ne possédaient pas autant de positions short. On trouve à la tête de cette meute Goldman Sachs. Ces banques voient les changements venir ainsi que l’intérêt de se retourner contre les 2 banques de lingots primaires, qui n’ont pas d’autre choix que de prolonger ce petit jeu autant que possible. Cette nouvelle est énorme car sans la coopération de tous les membres de la cabale, le château de cartes de l’or papier s’effondre.

Ce changement est en train de s’opérer. Le verre est fissuré et ne pourra être réparé. Goldman Sachs et au moins 10 autres banques ont décidé de déserter car elles savent ce qui les attend. Elles se positionnent déjà pour une indemnisation en cash. Et lorsqu’elles seront libérées de ces obligations après avoir payé leurs clients en dollars, elles pourront profiter des positions or physique et papier qu’elles auront prises à leur nom.

Personne d’autre que ces banques ne comprennent mieux la sous-évaluation de l’or physique et la bifurcation qui a lieu sur les marchés papier. JP Morgan a déjà cerné le marché physique de l’argent tandis que Goldman Sachs prévoit de se positionner contre ses rivales sur le marché papier de l’or. Cet événement va accélérer la réévaluation du cours du métal jaune. »

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