Si les motifs ne sont pas encore clairs, une chose est certaine concernant la purge en Arabie saoudite : il ne s’agit pas d’une grande opération de lutte contre la corruption, ou d’une simple lutte de pouvoir. Reste à déterminer quelles sont les véritables raisons de ce grand nettoyage sans précédent.

Deux analyses nous semblent intéressantes : celle affirmant que ce grand nettoyage va permettre de renflouer une Arabie saoudite mise en difficulté financière par la période de cours déprimés du brut que nous traversons (les 100 $ le baril ou plus semblent bien lointains), l’autre est qu’il s’agit d’éliminer les soutiens internes de l’État profond américain pour préparer à terme l’adoption du pétroyuan aux dépens du pétrodollar.

La purge pourrait déboucher sur des confiscations d’actifs s’élevant à 800 milliards de dollars !

Ce scénario a été évoqué par un article du très conformiste Wall Street Journal : « La purge pourrait contribuer à renflouer les caisses de l’État. Le gouvernement a déclaré que les actifs accumulés via la corruption deviennent propriété de l’État. Des personnes proches du dossier affirment que le gouvernement estime la valeur de ces actifs confiscables à environ 800 milliards de dollars. »

Bien entendu, la majorité de ces actifs se trouve à l’étranger sous forme d’obligations, d’immobilier, d’action et… d’or, ce qui pourrait compliquer leur confiscation. Cependant, même si l’Arabie saoudite parvient à mettre la main ne serait-ce que sur une partie de ce magot, elle aura de quoi faire…

Pour rappel, les réserves de l’Arabie saoudite ont fondu de 250 milliards de dollars en 3 ans (environ 1/3 de ses réserves totales). Le gouvernement s’est également endetté pour financer son budget. Cette opération, en plus de se débarrasser d’opposants, permettrait également au Royaume de renflouer ses caisses (source ZeroHedge).

Une opération pour se débarrasser des « pro-Américains »

Bill Holter (source), qui lui n’est pas très conformiste comme le WSJ, propose une autre explication, qui va plus loin que la simple opération de consolidation du pouvoir du nouveau patron de l’Arabie saoudite, le prince Salman :

« À mon avis, les Saoudiens sont en train de préparer le terrain à l’acceptation du yuan en tant que moyen de paiement pour leur pétrole. Les personnes qui ont été arrêtées peuvent être considérées comme des acteurs qui travaillent main dans la main avec l’État profond américain, qui sont alignés avec «l’équipe d’Hillary Clinton», faute de trouver un qualificatif plus approprié. Le Prince Alwaleed bin Talal (la personnalité la plus en vue qui a été arrêtée) est un actionnaire principal de Citigroup et de Twitter, un anti-Trump qui a financé la campagne électorale de Clinton. Les autres personnes arrêtées de la liste ont affiché depuis longtemps leur support pour « les États-Unis » et le pétrodollar. (…) N’oubliez pas que le prince Salman a rencontré récemment Messieurs Xi et Poutine. L’Arabie saoudite a également annoncé l’achat de systèmes de défense antiaérienne et antimissiles S-400 russes.

Je pense que M. Trump pourrait bien découvrir que des accords ont déjà été passés, et qu’il ne pourra pas les empêcher. Je pense aussi que si Hillary Clinton avait été élue, cela aurait eu lieu plus tôt… mais on ne le saura jamais. Des événements extraordinaires pourraient avoir lieu dans les semaines à venir. L’Arabie saoudite pourrait notamment déclarer qu’elle accepte de vendre son pétrole en yuans. (…) »

Au final, il se pourrait très bien que toutes ces explications soient valides. L’Arabie saoudite, avec cette purge, atteindrait ainsi de multiples objectifs en une seule opération :

  1. Renflouer ses caisses ;
  2. Éliminer l’opposition ;
  3. Dégager le terrain pour son pivot vers l’Orient ;
  4. Prétendre combattre la corruption afin d’amadouer sa population naïve.