Le 27 mai dernier, Bloomberg a publié un article évoquant un soi-disant surplus d’or dans les coffres du COMEX. Il affirme désormais posséder 26 millions d’onces de métal jaune, dont 17 millions sont « éligibles ». Il s’agit d’une hausse de 9 millions d’onces par rapport aux 5,5 millions d’onces qui étaient éligibles en mars.

Je trouve amusant que les médias dominants prennent pour argent comptant les chiffres du COMEX sans procéder à des vérifications, ou demander un audit indépendant. Ronan Manly de BullionStar a publié un article de recherche qui cite une lettre du CME à la CFTC dans laquelle le CME estime que le métal qui est vraiment livrable correspond à environ 50 % de l’or rapporté comme éligible. Et rien ne garantit que c’est exact.

Il y a 6 semaines, on nous disait qu’il était impossible de transporter de l’or. Un système fut alors mis en place afin de permettre aux lingots d’or du LBMA (qui sont au format de 400 onces) de servir dans le cadre des livraisons du COMEX, mais sans que ces lingots ne quittent la capitale britannique. Ensuite, le COMEX a subitement mis la main sur des millions d’onces d’or qui se trouvaient à Londres mais qui n’étaient pas répertoriés dans son inventaire.

Ces 17 millions d’onces ajoutées au coffre du COMEX sont probablement comptabilisés 2 fois. Certains d’entre vous vont penser qu’il s’agit d’une théorie conspirationniste. Pourtant, il est établi de longue date que le LBMA est basé sur un système de réserves fractionnaires.

Cela dit, en admettant que ces 26 millions d’onces existent bien, supprimons les 50 % de l’or éligible et nous obtenons 17,5 millions d’onces d’or qui seraient livrables. L’intérêt ouvert du COMEX est néanmoins de 510.000 contrats, soit 51 millions d’onces d’or papier. Vu qu’il y a 3 fois moins d’or physique qui est livrable, en partant du principe que les chiffres cités ci-dessus sont corrects, prétendre qu’il y a un surplus d’or à New York est trompeur. C’est probablement volontaire.

À cet article de Bloomberg, il faut ajouter un rapport de Reuters qui affirme que les banques du CME se retirent du COMEX. Pour commencer, HSBC a attribué sa perte de 200 millions de dollars sur l’or à ses opérations londoniennes. L’article affirme également que 400 tonnes d’or ont été expédiées à New York malgré le fait qu’on nous disait qu’il était impossible d’envoyer du métal de Londres à New York pendant le mois d’avril. Je présume qu’il s’agit d’un transfert numérique d’or. Comme Bill Murphy l’a précisé, « on nous a dit qu’il était problématique de se procurer de l’or à New York, et maintenant on nous dit qu’il y en a trop. Ne croyez rien de tout cela, ils sont simplement terrorisés par quelque chose ».

Il y a un gros problème au COMEX. C’est pour ça que des banques se retirent. ScotiaMocatta a décidé de fermer sa division métaux précieux. Ce faisant, elle doit encaisser une perte. Cette activité avait démarré en 1684, il s’agissait de l’un des plus gros acteurs sur le marché de l’or et de l’argent du COMEX.

Cela dit, il est difficile de parler de retrait généralisé. Au début de l’année, l’intérêt ouvert sur l’or était à plus de 800.000 contrats (80 millions d’onces). Les banques ont beaucoup travaillé afin de réduire l’intérêt ouvert et leurs positions short, c’est vrai. Mais, historiquement, l’intérêt ouvert du COMEX se situe entre 200.000 et 400.000 contrats. Cette réduction de l’intérêt ouvert à 500.000 contrats peut donc être difficilement qualifiée de baisse.

Depuis la fin du mois d’août 2019, l’activité sur le COMEX est considérée par nombre de ses critiques comme étrange. On sentirait presque comme une odeur de désespoir. Les contrats de type réserve fractionnaire sur les lingots de 400 onces et les 2 articles cités ci-dessus en sont quelques exemples parmi d’autres. Rappelez-vous l’introduction de la catégorie « or engagé » (pledged gold) d’octobre 2019. Cette catégorie n’est qu’un nouveau type de produit dérivé de l’or papier. HSBC avait directement sauté sur l’aubaine. Quelques mois plus tard, nous apprenions que HSBC s’était mise elle-même en difficulté sur le marché de l’or. C’est elle qui avait demandé la création de cette nouvelle catégorie afin qu’elle puisse être en mesure de satisfaire à ses obligations de capitalisation en tant qu’agent de compensation du CME.

Tout comme le système de réserve fractionnaire bancaire, les marchés de l’or de Londres et de New York sont devenus des systèmes fractionnaires basés sur des produits dérivés et d’autres formes d’or papier (leasing, prêts, hypothèque) garantis par une petite quantité d’or physique. Ce système fractionnaire est en train de se fissurer au niveau de ses fondations. Les articles de propagande des médias dominants cités ci-dessus sont le reflet des gros problèmes du COMEX.

Si vous n’êtes pas en possession de l’or physique que vous pensez détenir, ce n’est pas vraiment le vôtre. Nous allons finir par en avoir la preuve.

Article de Dave Kranzler, publié sur InvestmentResearchDynamics.com